La nouvelle a été accueillie avec ravissement : cette année, la Colombie-Britannique aurait l’honneur de recevoir le père Edwin Gariguez comme visiteur de solidarité. En tant que secrétaire général de Caritas Philippines – NASSA, le père Gariguez a joué un rôle important pour garantir une aide humanitaire aux personnes déplacées par les typhons Haiyan et Hagupit aux Philippines. Depuis plusieurs années, il lutte également contre les injustices qui engendrent la pauvreté dans ce pays.
Parmi ses gestes les plus héroïques, il a entrepris de s’opposer à une société minière qui menaçait les terres d’une communauté locale. En compagnie de 24 autres personnes, il a mené une grève de la faim pour protester contre le projet. Le groupe s’était engagé à jeûner aussi longtemps qu’il le faudrait, mais au final, une grève de 11 jours a suffi pour convaincre le gouvernement de révoquer le permis de la société minière. Par la suite, cette initiative a valu au père Edwin de recevoir le prix Goldman pour l’environnement, une des récompenses les plus prestigieuses remises aux défenseurs de l’environnement.
Se déroulant sur deux semaines, le séjour du père Edwin en Colombie-Britannique a été ponctué de nombreux moments marquants. Notamment, à Vancouver, il a échangé avec des élèves de l’école secondaire Saint Thomas Aquinas, un établissement qui participe annuellement au JEÛNEsolidaire de Développement et Paix et qui se classe premier au palmarès des fonds récoltés par cette activité. Le père Gariguez a profité de cette visite pour partager son expérience de grève de la faim et ainsi motiver les leaders étudiants du JEÛNEsolidaire.
Sur l’île de Vancouver, le père Edwin a pu renouer avec la chaleur de son pays grâce à l’accueil que lui a réservé un large contingent de la communauté philippine. Pendant son séjour à Victoria, il a constaté avec plaisir que des prêtres philippins choisissent d’affirmer leur vocation en venant pratiquer au Canada, afin de combler le besoin de prêtres. Le père Edwin a également rencontré des représentants de la Première Nation Cowichan, avec lesquels il a établi des parallèles entre les luttes menées par les peuples autochtones au Canada et aux Philippines pour protéger leurs terres sacrées.
Dans la vallée de l’Okanagan, le père Edwin s’est dit touché par la passion et l’engagement de membres locaux de Développement et Paix, ainsi que par leur générosité envers l’organisation. D’ailleurs, à Kelowna, Keith Germaine, un membre local, a créé une version inédite de la chanson House of the Rising Sun expressément pour le père Gariguez. Intitulée There Is a Mine, la chanson traite du problème minier aux Philippines.
Pour ma part, j’ai assisté à l’allocution du père Edwin à la paroisse Saint-Patrick à Vancouver. Il a souligné les inégalités extrêmes qui règnent entre les petits paysans et les grands propriétaires fonciers des Philippines, expliquant que ces derniers exploitent les petits agriculteurs et agricultrices en tirant des profits substantiels de leur labeur. Par ailleurs, quand de petits paysans arrivent à posséder une terre, ils n’ont généralement pas les ressources et les compétences requises pour bien l’exploiter, ce qui leur permettrait de nourrir leur communauté.
Le père Edwin a ensuite attiré notre attention sur notre responsabilité, ici au Canada, d’aider les moins fortunés. Citant les propos tenus par le pape François lors de sa récente visite à Manille, il a fait remarquer que « quand nous vivons dans le confort, nous oublions les besoins des autres ».
Le discours du père Edwin m’a non seulement éblouie, il m’a également inspirée. Pour nous encourager à passer à l’action, il a cité Saint-François d’Assise : « Commence par faire le nécessaire, puis fais ce qu’il est possible de faire et tu réaliseras l’impossible sans t’en apercevoir. » Chacun de nous peut commencer à agir en appuyant d’abord les petits agriculteurs de nos régions, de façon à ne pas priver de nourriture les populations éloignées qui vivent dans le besoin. Il s’agit simplement de s’engager dans sa communauté, de porter attention à ses achats et de s’intéresser à la provenance des aliments. Parce qu’on sème, on donne, et pour donner, il faut d’abord reconnaître l’importance de la petite agriculture familiale, car, après tout, c’est elle qui nourrit le monde!