Une mine entraîne des conflits au sein d’une communauté autochtone aux Philippines | Développement et Paix

Une mine entraîne des conflits au sein d’une communauté autochtone aux Philippines

16 octobre 2013
par 
Kelly Di Domenico, agente de communications

Timuay Boy Anoy, chef de la communauté autochtone subanen aux Philippines, a une longue expérience des conflits que provoque l’exploitation minière. Lorsque le gouvernement des Philippines a accordé une concession minière a une entreprise canadienne sur les terres ancestrales des Subanens, les membres de la communauté se sont rapidement divisés en deux camps, l’un en faveur de la mine, l’autre contre. Les rumeurs, les contestations, la manipulation et le manque de transparence ont fini par déchirer le tissu social de la communauté.

Selon les normes internationales, les populations autochtones doivent être consultées lorsqu’une entreprise projette de mener un projet d’exploitation minière sur leur territoire et doivent préalablement donner leur accord. Timuay Boy Anoy s’est fermement opposé au projet de cette compagnie car il savait que cette mine d’or à ciel ouvert allait s’implanter au milieu d’une zone sacrée et forcer de nombreux membres de la communauté à se déplacer. Cependant, malgré l’opposition de la communauté et le manque d’information de ses membres, la planification des travaux s’est poursuivie.

Le gouvernement et l’entreprise minière ont rapidement rétrogadé Timuay Boy Anoy au rang de représentant illégitime. Un nouveau chef a été nommé, qui, lui, a donné son accord à l’ouverture de la mine. Malgré ces obstacles, Timuay Boy Anoy a poursuivi sa lutte et s’est rendu jusqu’à Genève pour dénoncer cette situation auprès du Groupe de travail des Nations Unies sur les populations autochtones.

Après près de 15 ans de lutte, Timuay Boy Anoy a finalement abandonné le combat et amorcé des négociations avec la compagnie minière afin d’être reconnu comme le chef légitime de la communauté et pouvoir ainsi gérer la redevance de 1,5 % payée par la compagnie minière à la communauté en échange de l’exploitation de ses ressources minières. Il a été accusé d’avoir trahi sa propre cause, et depuis lors la situation est particulièrement tendue et les divisions internes sont profondes dans la communauté.

« Cela ne veut pas dire que je suis maintenant en faveur de l’exploitation minière », rétorque-t-il. « J’aimerais beaucoup que cette compagnie n’exploite pas nos ressources, mais nous ne pouvons pas nous en débarrasser. Même si nous lui avons dit : ‘Non ; ne détruisez pas notre territoire’, ils ont quand même ouvert la mine. Même si nous leur avons exprimé notre désaccord, même si nous avons dit non, nous ne sommes pas en mesure de les arrêter. »

Aujourd’hui, la mine est en pleine production et pratiquement tout l’or, l’argent, le nickel et le zinc qui se trouvaient dans le sous-sol, ont déjà été exploités. Là où se trouvait autrefois le sommet verdoyant de la montagne, se trouve aujourd’hui un immense cratère gris et orange.

Pour Timuay Boy Anoy, cette situation est déplorable. Ce cratère rappelle cruellement que cette communauté ne sera jamais plus la même.