Stéphane Vinhas est chargé des programmes de secours d’urgences à Développement et Paix. Il dresse ici le portrait alarmant de la situation qui touche la République Centrafricaine (RCA) et son incidence sur les pays de la sous-région et notamment le Tchad.
Que s’est-il passé ces derniers mois en République Centrafricaine ?
Le conflit en Syrie dure depuis plus de trois ans maintenant et a forcé 2,8 millions de personnes à fuir le pays. Il s'agit d'un nombre effarant qui nous pousse à réfléchir sur le nombre considérable de personnes ayant abandonné leurs maisons pour échapper à la violence. D’autant plus qu’un tel nombre peut nous faire perdre de vue qu'il s’agit de 2,8 millions de personnes, chacune avec un nom et une histoire, une maison et un passé qu’elles ont dû abandonner pour n’emporter que des souvenirs dans une valise.
En se rendant, successivement en Jordanie, en Palestine et en Israël, le pape François a souhaité faire de son pèlerinage vers Jérusalem, une démarche pour la paix au Moyen-Orient. Lors de sa visite en Terre Sainte, le pape François a ainsi remercié Caritas pour son travail d'aide auprès des personnes réfugiées victimes du conflit au Moyen-Orient.
Le conflit en Syrie a entrainé la mort plus de 100 000 personnes et on dénombre désormais plus de 2,5 millions de réfugiés syriens dans les pays limitrophes dont la moitié sont des enfants.
Guy Des Aulniers, chargé de programmes pour la Syrie
Laith Eskandar boit son café. Moi aussi. Nous en avons bien besoin ! Il doit faire 10 degrés dans cette cour d’école d’Amman. Toutefois, cela n’empêche pas 200 jeunes adultes d’attendre que les cours du soir débutent. Ils sont Syriens, mais aussi Irakiens, Soudanais, Somaliens, Sri-Lankais, Indonésiens ou d’autres nationalités. Ils viennent ici pour suivre des cours d’anglais ou d’informatique. Les enseignants sont à peu près tous originaires des mêmes pays, mais il y a également des volontaires anglais et américains.
Guy Des Aulniers, chargé de programmes pour la Syrie
À mon arrivée au centre de Caritas à Irbid en Jordanie, une centaine de personnes font la queue pour s’y enregistrer. Il s’agit principalement de Syriens, mais aussi de Palestiniens qui ont fui les bombardements des camps de réfugiés situés près de Damas, là où ils vivaient. Pourquoi sont-ils si nombreux ici ? Parce que le centre de Caritas, géré par Caritas Jordanie, distribue aux réfugiés des subventions aux logements, des articles pour passer l’hiver (à midi, il faisait à peine douze degrés) et des coupons pour de la nourriture.
Plus de 200 000 syriens fuient chaque mois leur pays pour se réfugier en Jordanie, au Liban, en Turquie, en Iraq et en Égypte. Alors que nous venons de souligner la semaine dernière, la Journée mondiale des réfugiés, le père Simon Faddoul, président de Caritas Liban – un partenaire de Développement et Paix – dresse un bilan alarmant de la situation des réfugiés syriens qui sont chaque jour un peu plus nombreux à arriver au Liban.
L’été dernier, j’ai visité le Niger et le Mali pour documenter la crise alimentaire qui frappait alors la région du Sahel en Afrique de l’Ouest, ainsi que l’impact sur la population locale de l’instabilité politique au Mali. À l’invitation de Développement et Paix, une équipe de Télévision Sel et Lumière m’a accompagnée au Niger, afin de rapporter les effets de notre intervention, ainsi que les façons dont la population réagissait à la crise. Ensemble, nous avons parcouru des villages où la lutte contre la faim était constante. Nous avons également visité un camp de réfugiés maliens qui avaient fui la violence de leur pays, un endroit où le désarroi était palpable : des personnes complètement déracinées, qui ne savaient pas quand elles pourraient rentrer chez elles, ou même si une telle possibilité s’offrirait à elles. Pour nous tous, ce voyage fut sans contredit rempli de découvertes, et j’attendais avec impatience de voir le récit qu’en feraient les journalistes.
En deux semaines, ce sont plus de 7 500 Maliens qui ont fui leur pays pour se réfugier dans les pays voisins, selon les chiffres du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. En effet, l'intensification du conflit a poussé des familles entières, pour certaines en voiture ou en camion et pour d’autres à pied ou à dos d'âne, à se réfugier dans les pays voisins (essentiellement au Niger, au Burkina Faso et en Mauritanie).