En ce jour de juillet, nous voilà sur une route goudronnée de l’Ouest du Niger. Nous roulons vers le village de Garbay Tombo qui participe à un projet mené par la Caritas Niamey. L’horizon est ocre, parsemé de verdure, des arbres essaimés et les pousses de mil qui peinent à voir le jour, faute de pluies régulières. Sur le bas-côté, un troupeau de bœufs aux cornes magnifiques s’élance lentement, péniblement, sous une chaleur accablante. Ils se dirigent vers un point d’eau boueuse où ils pourront se désaltérer. Arrivés au village, on nous reçoit et nous assoit sur deux chaises en bois.
Deux ans après la grave crise humanitaire qui a affecté 16 millions de personnes dans la région sahélienne, en Afrique de l’Ouest, Développement et Paix reste vigilant. En 2013, la situation s’est légèrement améliorée mais la campagne agraire a été déficitaire et la guerre au Mali a fait peser une nouvelle menace sur les populations de la région. Des milliers de familles démunies sont toujours confrontées à la pauvreté croissante et à la faim.
Il y a quelques mois, nous avons eu le plaisir de présenter le documentaire Nouvelle pousse dans plusieurs villes du Canada. Produit par la chaîne de télévision Sel et Lumière, ce film relate la crise alimentaire qui a frappé la région du Sahel, en Afrique de l’Ouest, à l’été 2012. Des centaines de Canadiens et de Canadiennes ont assisté à nos projections, afin de découvrir cette région peu connue et apprendre ce qu’ils pouvaient faire pour aider. Lors de chaque événement, quelques minutes ont suffi pour tisser des liens de solidarité entre l’auditoire canadien et les personnes dont l’histoire se déroulait à l’écran.
L’été dernier, j’ai visité le Niger et le Mali pour documenter la crise alimentaire qui frappait alors la région du Sahel en Afrique de l’Ouest, ainsi que l’impact sur la population locale de l’instabilité politique au Mali. À l’invitation de Développement et Paix, une équipe de Télévision Sel et Lumière m’a accompagnée au Niger, afin de rapporter les effets de notre intervention, ainsi que les façons dont la population réagissait à la crise. Ensemble, nous avons parcouru des villages où la lutte contre la faim était constante. Nous avons également visité un camp de réfugiés maliens qui avaient fui la violence de leur pays, un endroit où le désarroi était palpable : des personnes complètement déracinées, qui ne savaient pas quand elles pourraient rentrer chez elles, ou même si une telle possibilité s’offrirait à elles. Pour nous tous, ce voyage fut sans contredit rempli de découvertes, et j’attendais avec impatience de voir le récit qu’en feraient les journalistes.
En deux semaines, ce sont plus de 7 500 Maliens qui ont fui leur pays pour se réfugier dans les pays voisins, selon les chiffres du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. En effet, l'intensification du conflit a poussé des familles entières, pour certaines en voiture ou en camion et pour d’autres à pied ou à dos d'âne, à se réfugier dans les pays voisins (essentiellement au Niger, au Burkina Faso et en Mauritanie).
La crise alimentaire à laquelle est actuellement confrontée la région du Sahel (Afrique de l’Ouest) est passée relativement inaperçue dans les médias. Toutefois, une récente émission de « Perspectives Weekly », diffusée sur la chaîne Sel + Lumière a abondamment traité du sujet.
Plus de 18 millions de personnes souffrent des pénuries alimentaires dans la région du Sahel (Afrique de l’Ouest) et Développement et Paix leur vient en aide. Pour en savoir plus sur notre réponse humanitaire avec nos partenaires dans la région, regardez le nouveau clip, Agissons face à la faim au Sahel, produit en collaboration avec Sel et lumière TV.
Une des principales questions que j'avais quand je suis partie pour le Niger était pourquoi le pays connait-il si fréquemment des crises alimentaires ? Après être passé proche de la famine en 2005, de sérieux pics d'insécurité alimentaire ont eu lieu en 2008, 2010 et maintenant en 2012. Le professeur Alpha Gado, un spécialiste des crises alimentaires au Sahel à l'Université de Niamey, m'a aidée à comprendre les complexités d'une crise alimentaire dans un pays comme le Niger.
Au Niger, où 80 % de la population dépend de l'agriculture de subsistance pour sa survie, faire fructifier la terre est essentiel. Les étendues de terre rocheuse et durcie, stagnant sans utilité, apparaissent comme un énorme gaspillage, surtout à un moment où il n'y a pas assez d’aliments pour nourrir la population.
Le Niger, comme la plupart des pays du Sahel, n’a qu'une saison des pluies, ce qui signifie que la récolte en lien avec ces pluies est cruciale à la survie pour l’année entière. Cependant, au moment de planter, la récolte de l'année précédente est presque épuisée et il reste peu, sinon rien, à manger. Il s'agit d'une période où il n'y a pas assez de nourriture alors que c’est justement à ce moment que le besoin est le plus grand. Planter un champ et travailler le sol nécessite de l'énergie, une énergie qui est difficile à trouver quand il n'ya rien à manger.