Deux ans après la grave crise humanitaire qui a affecté 16 millions de personnes dans la région sahélienne, en Afrique de l’Ouest, Développement et Paix reste vigilant. En 2013, la situation s’est légèrement améliorée mais la campagne agraire a été déficitaire et la guerre au Mali a fait peser une nouvelle menace sur les populations de la région. Des milliers de familles démunies sont toujours confrontées à la pauvreté croissante et à la faim.
L’été dernier, j’ai visité le Niger et le Mali pour documenter la crise alimentaire qui frappait alors la région du Sahel en Afrique de l’Ouest, ainsi que l’impact sur la population locale de l’instabilité politique au Mali. À l’invitation de Développement et Paix, une équipe de Télévision Sel et Lumière m’a accompagnée au Niger, afin de rapporter les effets de notre intervention, ainsi que les façons dont la population réagissait à la crise. Ensemble, nous avons parcouru des villages où la lutte contre la faim était constante. Nous avons également visité un camp de réfugiés maliens qui avaient fui la violence de leur pays, un endroit où le désarroi était palpable : des personnes complètement déracinées, qui ne savaient pas quand elles pourraient rentrer chez elles, ou même si une telle possibilité s’offrirait à elles. Pour nous tous, ce voyage fut sans contredit rempli de découvertes, et j’attendais avec impatience de voir le récit qu’en feraient les journalistes.
Le conflit qui sévit actuellement au Mali est le fruit d'une succession d'événements complexes où chaque acteur défend ses intérêts propres. Ambitions sécessionnistes, contrôle des ressources naturelles et imposition de la charia sont autant de revendications soulevées par une diversité d’acteurs nationaux et internationaux. Après avoir lancé une offensive armée au début de janvier 2013, les troupes françaises, soutenues par des troupes africaines, ont maintenant repris le contrôle de la quasi-totalité du territoire, mais l’instabilité persiste.
En deux semaines, ce sont plus de 7 500 Maliens qui ont fui leur pays pour se réfugier dans les pays voisins, selon les chiffres du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. En effet, l'intensification du conflit a poussé des familles entières, pour certaines en voiture ou en camion et pour d’autres à pied ou à dos d'âne, à se réfugier dans les pays voisins (essentiellement au Niger, au Burkina Faso et en Mauritanie).
La situation difficile qui affecte actuellement des milliers de Maliens n’aura échappée à personne. L’intervention militaire française, si elle apparaît soutenue par la grande majorité des Maliens, risque de rendre davantage précaire la situation humanitaire de la population et particulièrement celle au Nord. L’instauration de l’état d’urgence par le président Dioncounda Traoré affecte d’autant plus les 200 000 personnes vivant encore dans cette région : « J’ai une crainte pour la population du Nord aujourd’hui. On sait que cette population vit de manière précaire.
La crise alimentaire à laquelle est actuellement confrontée la région du Sahel (Afrique de l’Ouest) est passée relativement inaperçue dans les médias. Toutefois, une récente émission de « Perspectives Weekly », diffusée sur la chaîne Sel + Lumière a abondamment traité du sujet.
Plus de 18 millions de personnes souffrent des pénuries alimentaires dans la région du Sahel (Afrique de l’Ouest) et Développement et Paix leur vient en aide. Pour en savoir plus sur notre réponse humanitaire avec nos partenaires dans la région, regardez le nouveau clip, Agissons face à la faim au Sahel, produit en collaboration avec Sel et lumière TV.
Lors de mon dernier jour au Mali, je suis allée rendre visite à un centre de Bamako qui héberge 16 familles déplacées (98 personnes) qui ont fui le nord du pays en raison de conflit. Les groupes rebelles ont pris le contrôle de plusieurs villes et ont déclaré l'indépendance de cette région du nord, qui s'étend vers le désert. De plus, certains des groupes rebelles transforment le territoire en un état islamique fondamentaliste en imposant la charia. Ils ont profané des églises et même détruit d’anciennes mosquées qu'ils considèrent comme idolâtres.
Sous le soleil matinal malien, les membres de Caritas Mali sont en train de s'organiser pour effectuer la première distribution de nourriture dans le diocèse de Sikasso. Ils mettent en place des rangées de chaises et des échelles pour mesurer les haricots, le maïs et l'huile qui seront distribués à 93 familles de la région. Ils installent même des haut-parleurs pour diffuser de la musique. Déjà, les gens commencent à arriver avec leurs charrettes tirées par des ânes, stationnant les uns à côté des autres. Même le maire est venu pour aider au lancement de la distribution.
La région de Sikasso, dans le sud du Mali, est dominée par le large fleuve Niger, la rendant propice à la culture du riz. Après quelques jours de pluie ici, le fleuve est plein et prêt à irriguer les rizières rectangulaires nichées sur ses rives. Mais pour que le riz se développe, il doit y avoir des graines à planter. Et cette année, beaucoup de fermiers n’en ont pas, tout simplement parce qu'en dernier recours pour contrer la faim, ils ont épuisé leurs réserves.