L'endroit où le père Miguel Jean Baptiste nous donne rendez-vous n'inspire pas totalement confiance. Il ne fait aucun doute que cet édifice a fortement été endommagé lors du tremblement de terre du 12 janvier 2010. De la rue, on voit que le toit du côté droit a été tordu et qu'il manque des pierres.
Mais c'est là que le directeur-fondateur du Foyer Maurice Sixto nous offre des rafraîchissements et un peu de nourriture. Il nous fait asseoir près de la porte et nous avertit : au moindre bruit, il faudra sortir! Mais pas question que les enfants dont il s'occupe entrent ici comme ils le faisaient avant.
Les centaines de restavèk qui fréquentent le Foyer Maurice Sixto vont dorénavant en classe... dans la cour de récréation! En Haïti, on nomme restavèk les enfants que les familles pauvres donnent à des étrangers afin qu'ils aient une vie meilleure. La réalité est toute autre pour les 300 000 enfants en domesticité d'Haïti. Ils n'ont aucuns droits, ne vont pas à l'école, sont maltraités. «On ne souligne même pas leur anniversaire et, à Noël, ils n'ont pas de cadeaux, contrairement aux enfants de la famille où ils travaillent», explique Wénès Jeanty, directeur exécutif du Foyer Maurice Sixto.
Le père Miguel a réussi à obtenir que 350 restavèk puissent au moins fréquenter l'école quelques heures par jour. Pour eux, la scolarité est gratuite et ils ont un repas chaque jour. «Mais il ne suffit pas de donner à manger. Il faut aussi changer les structures», dit-il. Pour que ces «enfants sans enfance» puissent retrouver leur dignité.
Et c'est là qu'intervient Développement et Paix qui s'est engagé dans un projet de construction (292 000 $) d'un centre de formation que le père Miguel appelle l'école des talents. Les restavèk y auront leurs cours et participeront à des activités qui leur sont habituellement interdites (la chorale, l'apprentissage d'un vrai métier). Pour qu'enfin, ils puissent «goûter à la chaleur de l'enfance».
Michael Casey, directeur général de Développement et Paix, les archevêques Paul-André Durocher et Richard Smith, et le père Miguel Jean Baptiste, devant les locaux endommagés du Foyer Maurice Sixto de Port-au-Prince.