Du 1er au 20 juin 2016, huit membres de Développement et Paix de l’Est du Québec, accompagnés de leurs deux personnes animatrices, vont vivre un séjour de solidarité au Cambodge. Ils vont y rencontrer et côtoyer des partenaires de notre organisme qui œuvrent dans les régions de Phnom Phen, Kampot, Siem Reap, Battambang et Ratanakiri.
Pour bien comprendre le contexte des projets décrits plus loin, un bref rappel historique est utile.
Le Cambodge a d’abord été bombardé par les Américains durant la guerre du Viet Nam dans les années 60. Aussitôt après, de 1975 à 1979, ce fut l’horrible génocide des Khmers rouges, entraînant la mort de 2 millions de personnes. Le Viet Nam a ensuite occupé le pays durant 10 ans. La guérilla n’aura cessé qu’en 1998. Le Cambodge s’en est retrouvé très appauvri et fragilisé sur le plan de la cohésion sociale. La blessure profonde encore très vive chez plusieurs est souvent évoquée.
Les 9, 10 et 11 juin ont été consacrés à la visite de projets mis en œuvre par BANTEAY SREI, un partenaire de Développement et Paix. Nous étions accompagnés de Chenda, notre guide et d’un interprète pour cette portion du voyage.
Cette organisation locale de femmes cambodgiennes travaille auprès des femmes les plus pauvres vivant en milieu rural. BANTEAY SREI structure avec elles des projets visant à améliorer leur niveau de vie, notamment dans les domaines économiques, familiaux, psychologiques et politiques. Cela permet de sortir ces femmes de leur isolement et contribue à leur renforcement par le groupe et la solidarité.
Le 9 juin en avant-midi, nous nous sommes rendus au village de Bampen. Nous y avons visité un comptoir alimentaire autogéré ainsi qu’une coopérative de micro-crédit. Nous avons surtout rencontré un groupe de 17 femmes réunies dans la salle communautaire afin de participer à un atelier d’échanges sur leur condition de vie en tant que femmes. À la suite des présentations, elles ont abordé le sujet de la violence conjugale. Ces femmes ont toutes connu la guerre, elles ont toutes été victimes de violence et souvent, elles le sont encore aujourd’hui. Elles nous ont parlé ouvertement. Le regroupement leur permet, selon elles, de mieux comprendre le cycle de la violence, d’y faire face et d’éduquer leurs maris, tout en ayant des numéros d’urgence au besoin. Elles ont constaté une diminution de ce problème de plus de 60% au sein de la communauté.
Cette même journée, nous avons passé l’après-midi au village de Taprok dont les maisons sur pilotis sont disséminées dans la forêt. Nous avons tout d’abord visité un jardin communautaire géré par la coopérative du village, puis avons rencontré un groupe de 30 femmes, toutes âgées de plus de 70 ans et veuves de guerre, afin de découvrir le fonctionnement de leur coopérative, notamment en matière de micro-crédit. Notons que le compte est ouvert au nom de la femme, qui gère elle-même les affaires domestiques.
Une situation nous a fait sourire lorsqu’en voyant une femme de notre groupe utiliser de la crème solaire, les femmes ont cru qu’il s’agissait d’une lotion pour se blanchir la peau. Cela a suscité un grand intérêt, puisque que c’est le désir de certaines femmes dans le pays.
Le 10 juin au matin, nous nous sommes rendus à Battambang, ville d’une province voisine de Siem Reap. Résultat : trois heures de route implacable avec des ressorts d’autobus qui exagèrent parfois. De chaque côté, une terre rousse avec, ici et là, des vaches maigres broutant une herbe jaune au bout de leur corde. Des maisons, toutes sur pilotis à cause de la saison des pluies, s’alignent les unes derrière les autres, qu’elles soient faites de pailles, de planches ou de ciment. Devant la plupart des maisons, un autel a été érigé pour honorer les esprits des ancêtres de la famille. Des étals sommaires d’épicerie de base jaillissent un peu partout, avec pour compagnie des mouches. Pendent également des hamacs, souvent le seul élément de confort de la maisonnée.
Dans l’après-midi ainsi que durant la journée du 11 juin, nous nous sommes rendus dans deux autres villages : Phey Roka et Kampong Chnaing Muoy. Nous y avons retrouvé le même contexte de vie, avec des projets similaires incluant des jardins communautaires, des poulaillers et du micro-crédit. On y encourage spécifiquement les familles à envoyer et à maintenir leurs filles à l’école. On incite également les femmes à se présenter aux élections locales et régionales.
Pour terminer, signalons que partout, nous fûmes accueillis avec une simplicité généreuse et authentique. Les sourires étaient irrésistibles. Merci à vous toutes, femmes de BANTEAY SREI et des villages avoisinant. Malgré des conditions de vie difficiles, vous êtes debout et la souffrance semble vous avoir conduites à cet amour dépassant la vengeance et la haine. Proches de la vie, vous êtes en train d’enfanter un monde nouveau.
Pour en savoir plus sur le voyage de solidarité au Cambodge, visitez régulièrement le blogue des participantes et des participants.