Six jeunes québécoises effectuent actuellement un stage d’initiation à la solidarité internationale au Cambodge dans le cadre du programme Québec sans frontières (QSF). Elles appuient actuellement un partenaire de Développement et Paix, Development and Partnership in Action (DPA).
DPA se fait partenaire, habilite et supporte les Cambodgiennes et les Cambodgiens les plus pauvres et les plus vulnérables, particulièrement dans les secteurs ruraux. Il contribue activement à la création d'un environnement propice au développement durable et équitable. Dans le cadre de son programme de partenariat, DPA offre un appui aux organisations communautaires de base, telles que la coopérative agricole Por Samrong, où se déroule le stage QSF.
Au courant de leur séjour, le groupe nous partage le récit de leurs expériences. Ici, Anne Michma nous partage une belle et touchante réflexion sur la notion de privilège.
Privilégiée, je le suis!
Peu de temps après avoir dîné un bon repas végétarien, l'adjointe au programme QSF, Florence, nous avise que l'heure est venue d'entamer notre prochaine activité. Il s'agissait de réaliser, dans le stationnement extérieur, un exercice appelé « la marche des privilèges ».
- Hein.... Kossé ça!
- Voyons…! Pourquoi dehors et maintenant...! Je n'ai même pas fini de siroter mon café, m'exclamais-je intérieurement.
Je n'avais aucunement le goût d'aller braver le froid et jouer sous la neige. Je pris mon courage à deux mains et je sortis les pieds traînants. Dès les premières consignes, je sentis que cet exercice allait me chambouler. En effet, ce jour-là, j'ai pris pleinement connaissance et conscience des privilèges dont je bénéficiais. À la fin de l'exercice, une seule question me trottait dans la tête : « Qu'as-tu fait de tes privilèges, Anne? »
Honnêtement, la plupart des privilèges qui chapeautent ma jeune vie, je les ai acquis de facto. Je n'ai absolument rien fait pour les avoir. Ironiquement, je les perçois comme un « forfait » qui m´a été assigné à la naissance. Par exemple, si ma famille est connue et respectée, je le suis de facto! Si j'appartiens à telle classe sociale, je reçois un traitement différent! Si je réponds aux standards de beauté, je suis accepté(e) et très prisé(e), etc. Qu´on le veuille ou non, nous recevons toutes et tous un traitement préférentiel dans nos interactions quotidiennes, sur la base d’un ou de plusieurs traits: notre origine, notre couleur de peau, notre classe sociale, nos fréquentations, notre sexe, notre appartenance religieuse, etc.
Voulant mettre bénévolement mes privilèges à profit, je me retrouve à écrire ces lignes au Cambodge, dans le cadre d'un projet de stage QSF. Sans peut-être le savoir, ma famille d'accueil et leur entourage continuent mon apprentissage sur la notion de privilèges. J'ai appris que même en situation de pauvreté générale, certaines personnes étaient plus privilégiées que d'autres (plus de terres, accès à l'eau, à la santé, à l'éducation, à la vie de famille, etc.).
Mais ce que j’ai retenu de plus important, c'est que même si nous ne choisissons pas certains de nos privilèges, nous pouvons cependant choisir à les redistribuer, aussi minimes soient-ils, à celles et ceux qui en ont le moins, pour un monde meilleur, plus juste et équitable!
PS: Tu n'as pas besoin de partir à l'autre bout du monde pour partager tes privilèges. Ton entourage immédiat, c’est le meilleur endroit pour commencer !