Le nouveau livre de Déogratias Niyonkuru, Pour la dignité paysanne, Expériences et témoignages d’Afrique, réflexions, pistes méthodologiques, est un document très précieux qui tombe à point nommé dans nos débats tant au niveau de la façon de mettre en œuvre l’aide au développement qu’au niveau de l’identité institutionnelle des organisations qui prônent une autre façon de travailler dans les pays en développement et particulièrement en Afrique.
Ainsi, sera organisée par Développement et Paix – Caritas Canada, L’œuvre Léger, L’Observatoire sur la souveraineté alimentaire et la Fondation KBF Canada, une soirée conférence intitulée Dignité paysanne - Mettre fin à la mondialisation des pratiques de développement et rendre le pouvoir aux paysannes et aux paysans. L’événement organisé à l’Université de Montréal, le mercredi 16 mai, de 18h à 19h30, aura pour objectif de mettre en évidence les « leçons de l’aide au développement en Afrique, en particulier de mettre fin aux réponses toutes faites « à la mondialisation des politiques et pratiques de développement », tel que qualifié par Déogratias Niyonkuru dans son livre et de placer l’homme au cœur d’un accompagnement flexible et d’un processus d’autonomisation.
Le livre de Déogratias Niyonkuru est précieux à plusieurs égards :
Tout d’abord, il décortique les différentes approches d’aide au développement et les concepts utilisés afin d’en comprendre le sens. L’approche « top-down » qui reste la plus répandue, l’approche par les besoins, l’approche fondée sur l’appui aux initiatives locales, l’approche de développement local, l’approche fondée sur les droits, l’approche fondée sur les potentialités ou les opportunités par recherche-action, l’approche fondée sur les changements ou les incidences, ou l’approche intégrée sont toutes analysées pour mettre en exergue une leçon majeure :
« Seule une approche intégrale peut casser le cycle vicieux de la pauvreté » (page 95) et cette approche repose sur trois piliers: L’homme et la confiance comme moteurs principaux. Dans ce sens, Déogratias Niyonkuru mentionne : « le préalable de toute intervention reste de les accompagner (paysannes et les paysans) dans la reconstruction de leur « moi », la conquête minimum de fierté humaine et de dignité par ce que nous appelons la formation psycho-humaine ». L’appui-accompagnement ou le soutien de proximité apparait déterminant; et finalement le renforcement du pouvoir des personnes et des communautés ».
Ces trois piliers sont déterminants afin de rompre « avec les pratiques classiques de développement ». Ceci requiert beaucoup de flexibilité, « condition sine qua non » nous dit Déogratias Niyonkuru, du succès d’un programme de développement. Il explique que « c’est donc une grave erreur de croire qu’il suffit d’apporter de la technologie et des moyens financiers a des personnes aussi anéanties pour qu’elles prennent le chemin du développement. ».
Ensuite, Déogratias Niyonkuru remet en question dans son livre le jargon et les mots à la mode dans le domaine du développement : l’hypothèse du ruissèlement, la pauvreté monétaire, etc. Mais son livre va bien au-delà d’une simple critique puisqu’il montre la complexité des réalités sociales que ces concepts sabotent. Il fait également le lien entre les différentes approches d’intervention et leurs conséquences et implications pour la vie des personnes visées par ces interventions.
Enfin, son livre est une véritable mine d’or de démonstrations qui sont systématiquement documentées à la lumière des faits. Une multitude de questions pertinentes sont soulevées telles que : Est-ce possible de travailler sur les causes de la pauvreté plutôt que sur ces manifestations ? ; Comment aborder la question de l’égalité entre les femmes et les hommes en ce qui concerne l’accès à la terre ? Déogratias Niyonkuru illustre la manière dont cette question est complexe et montre les conséquences d’une lecture théorique de cette problématique. Comment aborder la sécurisation foncière décentralisée étant donné que « la terre constitue le bien le plus précieux des populations agricoles pour lequel chacun se bat, jusqu’à la dernière goutte de sang », étant donné l’ampleur des conflits fonciers, la pression sur la terre, la législation floue et les appétits aiguisés de certains, dans un contexte ou le titre foncier n’a fait qu’alimenter les conflits fonciers ?
Une piste de solution doit cibler la décentralisation de la gestion des terres au niveau communal, et l’initiation de comités locaux de règlement de conflits. Déogratias Niyonkuru donne de nombreuses pistes, par exemple pour une sécurisation foncière décentralisée et pour la définition de « cadres de concertation de développement de codes de conduites favorables à la bonne gouvernance des ressources naturelles ».
Il va sans dire que ce livre constitue une véritable référence pour tous les décideurs politiques et les personnes travaillant sur les questions d’aide au développement en Afrique auprès des paysannes et des paysans.
Ne manquez pas la Soirée conférence
Organisée à l’occasion de la sortie du nouveau livre Pour la dignité paysanne, de Deogratias Niyonkuru.
Mercredi 16 MAI 2018
de 18H à 19h30
Université de Montréal, Pavillon 3744, Rue Jean-Brillant (SALLE 104), Métro Côte-des-neiges
ÉVÉNEMENT GRATUIT
Inscription obligatoire : info@devp.org
1 888 234-8533