A New Leaf : un rappel opportun des difficultés de l’après-crise | Développement et Paix

A New Leaf : un rappel opportun des difficultés de l’après-crise

28 février 2013
par 
Kelly Di Domenico, agente de communications

L’été dernier, j’ai visité le Niger et le Mali pour documenter la crise alimentaire qui frappait alors la région du Sahel en Afrique de l’Ouest, ainsi que l’impact sur la population locale de l’instabilité politique au Mali. À l’invitation de Développement et Paix, une équipe de Télévision Sel et Lumière m’a accompagnée au Niger, afin de rapporter les effets de notre intervention, ainsi que les façons dont la population réagissait à la crise. Ensemble, nous avons parcouru des villages où la lutte contre la faim était constante. Nous avons également visité un camp de réfugiés maliens qui avaient fui la violence de leur pays, un endroit où le désarroi était palpable : des personnes complètement déracinées, qui ne savaient pas quand elles pourraient rentrer chez elles, ou même si une telle possibilité s’offrirait à elles. Pour nous tous, ce voyage fut sans contredit rempli de découvertes, et j’attendais avec impatience de voir le récit qu’en feraient les journalistes.

À mon arrivée à Bamako, j’ai été frappée par l’atmosphère lourde et inquiétante de la capitale malienne. On aurait dit que la cadence de cette ville animée avait été suspendue par la crise politique et les incertitudes quant à sa résolution. En compagnie de Caritas Mali, j’ai visité la région au sud du pays, le nord étant dominé par les groupes rebelles. J’ai constaté que malgré les circonstances, la vie quotidienne suivait son cours : les habitants ensemençaient leurs terres, alors même qu’ils étaient tiraillés par la faim. Pendant ce temps, leurs pensées étaient souvent tournées vers le conflit qui faisait rage à quelques centaines de kilomètres et qui plongeait la population dans la peur ; vers les ressources qui s’épuisaient, l’aide se faisant rare ; et vers l’éventualité d’une intervention militaire pouvant débuter à tout moment.

Cette expérience n’a fait qu’exacerber ma hâte de voir le documentaire produit par Télévision Sel et Lumière. Étant donné la pauvre couverture médiatique des événements au Sahel, je trouvais urgent que le public en apprenne davantage sur cette partie oubliée du monde. Cependant, une histoire si captivante a besoin de temps pour être bien rendue. Aujourd’hui, le documentaire fait enfin l’objet d’un lancement enthousiaste partout au pays, dans le cadre de notre campagne Carême de partage. Malgré mon impatience initiale, j’avoue que l’instant présent est bien choisi pour parler de ce qui se passe là-bas.

Les grands yeux bruns de Youssef affichent un regard apeuré, comme s’ils voyaient toujours la violence que lui et sa famille ont fui au Mali.En effet, l’intervention militaire attendue a été amorcée en janvier, soulevant beaucoup de questions quant à l’avenir du pays. Les réfugiés continuent d’affluer dans les pays voisins, tandis que la population locale tente tant bien que mal de se relever de la crise alimentaire. Si cette crise n’a pas été assez rapportée l’an dernier, le manque d’intérêt des médias se fait encore plus sentir aujourd’hui, surtout en ce qui concerne les prochaines étapes et les conditions à réunir pour garantir que la population du Sahel demeure à l’abri d’une injustice alimentaire récurrente. Ainsi, le documentaire A New Leaf nous rappelle l’existence de cette crise et relance le débat sur les enjeux qui sont trop souvent ignorés une fois que la situation s’est calmée – c’est-à-dire que le redressement, la résilience et la prévention font partie intégrante de l’équation. Si nous voulons tous vivre dans la dignité, le sort des populations affectées doit demeurer au centre de nos préoccupations.

Dans le cadre de la tournée du documentaire, nous sommes heureux d’accueillir le Père Isidore Ouedraogo, secrétaire exécutif d'OCADES Caritas Burkina, comme membre du panel présent après chaque projection. Le Burkina Faso, l’un des pays les plus sévèrement touchés par la crise, continue d’accueillir quotidiennement des réfugiés en provenance du Mali. Lors de la première séance, lundi à Ottawa, le Père Isidore a livré un puissant témoignage de la situation actuelle dans son pays. J’espère que d’autres participants pourront profiter d’un tel échange en assistant aux projections de Toronto (28 février), Winnipeg (1er mars), Vancouver (2 mars) et Victoria (3 mars). Il n’est pas trop tard pour confirmer votre présence à anewleaf@devp.org ou au 1 888 234-8533. Pour en savoir davantage, visitez devp.org/anewleaf.

Vous êtes attendus en grand nombre ! S’il vous est impossible de vous joindre à nous, vous pouvez visionner le documentaire A New Leaf sur les ondes de Télévision Sel et Lumière les 7 et 10 mars prochains.