Le conflit en Syrie s’est intensifié au cours des derniers mois. Avec l’escalade de la violence, les gens continuent de fuir le pays. Mais il y a ceux et celles qui ne peuvent pas partir et qui doivent affronter des conditions de plus en plus difficiles. On compte maintenant 4,5 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays, ce qui correspond à environ 20 pour cent de la population. Or la poursuite des hostilités a détruit des infrastructures et isolé des villes en les privant de produits de première nécessité – dont la nourriture. Le peu qui reste est hors de prix pour une bonne partie de la population.
Développement et Paix s’est associé à Menapolis, un organisme régional qui travaille à susciter un changement durable au Moyen-Orient, pour réagir à la menace croissante de famine en Syrie. En collaboration avec des responsables locaux, l’organisme a organisé des distributions de nourriture dans les quartiers de la ville d’Alep qui ont le plus besoin d’aide. On a distribué des paniers à 1750 familles sélectionnées en tenant compte de l’emploi, du revenu, du nombre d’enfants et des besoins médicaux de leurs membres. Les paniers contenaient du riz, du blé boulgour, du maïs, de l’huile, du sucre, du lait, de la farine et des olives ; ces denrées avaient été achetées sur place afin de soutenir l’économie locale.
Les repas préparés avec ces aliments apportent aussi un réconfort indispensable en une période de bouleversement et d’incertitude, où le fait de se retrouver autour de la table familiale procure un moment de célébration, l’occasion d’échanger entre amis et avec la parenté, un répit de normalité au milieu de journées pleines d’appréhension et d’incertitude face à l’avenir.
Menapolis sait bien que la nourriture assure la subsistance, mais peut aussi rassembler la collectivité. L’organisme a conscience qu’il faut à la communauté plus qu’une aide à court terme : elle a besoin d’espoir. Menapolis veut donc offrir aux Syriennes et aux Syriens plus que du pain : il veut leur offrir le pain de vie. En d’autres mots, fournir à la communauté l’occasion de se redonner un but et l’aider à sentir qu’elle travaille à se préparer un avenir de paix et de retour à la normale.
Dans cette perspective, Développement et Paix aide son partenaire à lancer des plans pour construire une boulangerie qui produira du pain pour cinq villages. La boulangerie emploiera des familles qui ont été plus touchées que d’autres par la crise, des veuves par exemple et des familles qui n’ont aucune source de revenus. Le pain ne sera pas vendu à des fins lucratives : le prix servira à couvrir les frais de fonctionnement. La communauté s’est déjà mobilisée pour planifier la boulangerie. On a choisi un endroit sécuritaire où la construire et on a prévu un système pour assurer la livraison sans risques du pain.
On prévoit que la boulangerie ouvrira fin septembre. Une fois en état de fonctionner, elle pourra mettre au four 20 tonnes de farine par jour – de quoi nourrir 50 000 personnes. Assez de pain pour que, chaque jour, 50 000 personnes reçoivent un peu d’espoir et assez d’optimisme pour aborder le lendemain.