Le mari d’Alula lui a pris tout son argent et l’a laissée seule avec deux jeunes enfants à élever. Elle vit à Me'Kele, ville située dans la région du Tigré. Elle nous parle à travers un interprète dans son tigrinia natif. « J’étais déprimée, sans espoir. Je suis allée demander de l’aide au gouvernement et ils m’ont envoyée chez les Filles de la Charité. »
Les Filles de la Charité est une congrégation de religieuses qui est présente dans le Tigré depuis la grande famine de 1973. Elles collaborent avec le CST, un partenaire de Développement et Paix, afin d’améliorer les moyens de subsistance des femmes dans la région. Grâce au soutien de Développement et Paix, un centre de formation sur les moyens de subsistance a été construit à côté du bureau de coordination. Au bureau de coordination, elles administrent toutes sortes de programmes sociaux, de l’alimentation des enfants à une bibliothèque communautaire. Notre collaboration avec elles se concentre sur des femmes comme Alula.
Les religieuses lui ont octroyé un prêt de 8 000 ETB (493 CAD) qu’elle rembourse à seulement 2 % d’intérêt. Elles ont également pris des dispositions pour qu’elle puisse mettre en place une petite cafétéria pour le personnel d’un pensionnat local. L’ensemble de ce soutien est désigné sous le nom d’AGR (Activité génératrice de revenus). Alula loue l’espace à l’école pour 200 ETB (12 CAD) par mois. Nous lui rendons visite alors qu’elle est en train de fermer pour la journée.
Alula a utilisé le prêt initial pour mettre sur pied et démarrer son café, y compris la location d’une machine à café au prix de 400 ETB par mois (24 CAD). Le café qu’elle nous sert est préparé selon la cérémonie traditionnelle du café éthiopien. Une autre jeune femme qui porte un foulard noir est là pour nous servir pendant qu’Allula nous parle. « C’est la seule cafétéria ici. Je n’ai pas de concurrence alors je dois veiller à ne pas surfacturer mes clients et à pratiquer des prix justes. »
Alula travaille fort. Elle se lève tôt le matin et prépare l’injera chez elle, puis elle l’apporte à son café. Elle travaille tous les jours sauf les jours fériés. Ses deux filles, maintenant en 9e et en 6e année, aident à la réalisation des travaux ménagers à la maison. Le travail acharné a porté ses fruits. Elle a finalement été en mesure d’acheter la machine à café pour 23 000 ETB, soit plus de 1418 CAD. Son prochain achat, « probablement d’ici septembre », sera un réfrigérateur dont elle ne dispose pas actuellement. « Alors je pourrai servir des boissons froides, que les clients veulent quand il fait chaud, et stocker de la nourriture plus facilement. »
Vous voyez, non seulement Alula a remboursé son prêt, mais son entreprise lui offre maintenant des bénéfices mensuels de 3000 ETB (185 CAD). « Une bonne journée me permet de gagner 1500 ETB (92 CAD) en chiffre d’affaires brut », nous explique-t-elle. Et la jeune femme qui nous sert le café est l’une de ses deux employées.
Le nom de la cafétéria d’Alula est Kallamino, du nom de la rivière qui coule à proximité. Nous essayons de la payer pour la nourriture et la boisson qu’elle nous a offertes. Après tout, il s’agit de son entreprise. Elle refuse. « Je vous en prie, vous êtes mes invités », nous dit-elle. Nous n’insistons pas et décidons de lui offrir toute notre gratitude.
Les sœurs des Filles de la Charité ont octroyé 80 prêts, comme celui d’Alula, depuis le début de l’année. Nous sommes fiers de constater que Développement et Paix soutien Alula et les Filles de la Charité dans la construction d’un monde meilleur pour les femmes éthiopiennes.
Pour en savoir plus sur le voyage de solidarité en Éthiopie, visitez : ccodp.blogspot.ca