Honduras – Commerce et investissement aux dépens des droits de la personne | Développement et Paix

Honduras – Commerce et investissement aux dépens des droits de la personne

22 novembre 2013
par 
Mary Durran, chargée de programmes pour l'Amérique latine

À l'aube des élections générales qui auront lieu au Honduras le 24 novembre, Développement et Paix a contesté le gouvernement du Canada pour la signature de l'Accord de libre-échange Canada-Honduras (ALE). Développement et Paix est membre du Groupe d'orientation politique pour les Amériques du Conseil canadien pour la coopération internationale (CCCI), qui a publié une lettre ouverte sur la situation au Honduras, le pays où l’expression « république bananière » a vu le jour en raison du contrôle des entreprises fruitières états-uniennes sur le gouvernement, et qui a plus récemment été surnommé « la capitale mondiale du meurtre ».

Depuis le coup d'État de 2009, nos partenaires et les organisations des droits humains ont signalé une détérioration de la situation des droits humains, où des militants de l'opposition, des journalistes, des syndicalistes, et des paysans et dirigeants autochtones sont devenus des cibles de la répression policière et de sombres escadrons de la mort paramilitaires. Au printemps 2012, Pedro Landa de l’organisme CEHPRODEC, partenaire de Développement et Paix, a témoigné devant un comité parlementaire fédéral canadien du fait que la situation des droits humains dans son pays ne constituait pas un contexte propice à l'investissement, et que les projets d'exploitation minière promus par l'ALE pourraient effectivement porter préjudice aux droits humains en permettant la réalisation de projets miniers potentiellement nuisibles alors que le cadre réglementaire en place est inadéquat.

Les principaux prétendants à l'élection générale de dimanche sont Juan Orlando Hernandez du Parti national, et Xiomara Zelaya, épouse de l'ancien président Manuel Zelaya, renversé lors du coup d'État de juin 2009. Zelaya est la candidate du nouveau parti Libre, issu de la résistance au coup d'État.

Voici un extrait de la lettre ouverte :

En tant qu’organisations de la société civile basées au Canada et oeuvrant pour la justice sociale et environnementale ainsi que pour les droits de la personne et des travailleurs, nous nous opposons fortement à l’Accord de libre-échange (ALE) Canada-Honduras. L’absence de garanties démocratiques et juridiques au Honduras est plus que troublante, tout comme la répression et l’impunité qui atteignent des sommets. Dans un tel contexte, les Honduriens ne sont pas en mesure de contester les activités de commerce et d’investissement qui toucheront leurs terres et leur mode de vie, ni de récolter les bénéfices d’une éventuelle croissance économique. Il est donc sûr que l’ALE placera les droits des sociétés avant ceux des collectivités, de la personne et des travailleurs.

[...]

Le Canada peut et doit jouer un rôle plus constructif au Honduras. Au lieu de travailler à intensifier le commerce et les investissements dans un contexte exempt de toutes garanties juridiques ou démocratiques pour les personnes susceptibles d’être affectées, le Canada doit user de son influence afin de créer un changement positif au Honduras. Il doit exhorter les administrations honduriennes à prendre des mesures immédiates pour stopper l’intimidation, les arrestations arbitraires, les disparitions forcées, la torture, les meurtres et les massacres, de même que pour restituer pleinement la liberté d’expression afin que les journalistes, les partis d’opposition et les critiques puissent exprimer des opinions divergentes.

« Nous avons longtemps maintenu que, dans les bonnes conditions, le commerce pouvait générer de la croissance et soutenir la réalisation des droits de la personne. Malheureusement, ces conditions n’existent tout simplement pas au Honduras. Tant et aussi longtemps que des améliorations vérifiables à la gouvernance démocratique et à l’état des droits de la personne n’auront pas été mises en place, l’ALE Canada-Honduras continuera de faire plus de mal que de bien », déplore Stacey Gomez, coordonnatrice du Groupe d’orientation politique pour les Amériques du Conseil canadien pour la coopération internationale.

Lisez la lettre ouverte contre l’Accord de libre-échange Canada-Honduras :
Honduras – Commerce et investissement aux dépens des droits de la personne