Haïti au quotidien | Développement et Paix

Haïti au quotidien

8 juillet 2014
par 
Marie-Claude Tardif, accompagnatrice QSF en Haïti

Des jeunes québécoises et québécois effectuent actuellement un stage d’initiation à la solidarité internationale en Haïti dans le cadre du programme Québec sans frontières (QSF). Ils appuient actuellement le Mouvement paysan papaye, un partenaire de Développement et Paix et partagent avec nous le récit de leurs expériences.

En plus de chasser les tarentules de la salle de bain et d’entretenir des relations amicales avec les lézards qui vivent dans nos chambres, la vie en Haïti est plutôt paisible. Pour vous donner un petit aperçu de la manière dont on y vit, nous avons décidé de vous partager notre quotidien à Papaye, un village situé dans la région du Plateau Central.

Au chant du coq et aux sons des premiers gargouillis de nos estomacs, chacun prend le temps de se réveiller tout doucement sous sa moustiquaire accrochée au plafond grâce à des clous que nous avons nous-mêmes plantés. C’est à tour de rôle que chacun se rend aux toilettes après avoir patienté jusqu’à l'apparition des premiers rayons du soleil afin d’éviter de se faire surprendre par ces petits êtres horripilants qui vivent dans l’entretoit et décident de se balader dans les fissures du plafond. Évidemment, pour des raisons de santé communautaire, tout le monde se partage les nouvelles de ses intestins.

À 7h30, lorsque ce ne sont pas des cubes de viande de bœuf citronnés, la cuisinière du Mouvement Paysan Papaye (MPP) nous sert une omelette « Western-Haïtienne » accompagnée de pain blanc, de beurre, de café, de sucre et d'un délicieux jus de fruits frais pressé à la main. Après s’être brossé les dents et enduit d'une crème pour se protéger du soleil et des moustiques vecteurs de toutes sortes de maladies, nous rejoignons l’équipe des communications locale qui nous attend en regardant défiler les nouvelles tout en publiant leurs photos personnelles sur Facebook ou en visualisant une populaire série créole.

À 9h, lorsque tout le monde est arrivé, nous partons en tournage. Apportant caméras, perche et enregistreuse, nous nous rendons dans différents éco-villages de la région fondés avec l’aide du MPP afin de capter les moments qui serviront à la réalisation de notre documentaire sur l’agro-écologie. À ce moment-là, le mélange des cultures est à son paroxysme puisque la complémentarité des deux équipes sont bénéfiques au projet. Spontanéité pour l’une et planification pour l’autre. C’est surtout lors des entrevues que la réalité paysanne des Haïtiennes et des Haïtiens est palpable. Machette et bêche à la main, parfois pieds nus dans les champs, ces agricultrices et agriculteurs, qui sont principalement des victimes du séisme de 2010, nous racontent l’importance de leur travail pour leur famille. La vie est maintenant paisible et abondante grâce à Dieu.

Vers midi, lorsque nous sommes satisfaits de notre travail, notre sympathique chauffeur Jacques nous ramène au Sant de Formasyon Kad Peyisan (Centre de formation Cadre Paysan) du MPP,  en évitant les impressionnants cratères des sentiers et en traversant les cours d'eau à l’aide de son camion à 15 places. Nous nous rendons ensuite à la salle à manger où le repas le plus complet de la journée nous y attend. Riz blanc, sauce aux haricots, viande citronnée, salade et jus de fruit fait maison ! Nous dévorons tout ce que nous pouvons car nous savons que le repas du soir est principalement constitué de pain blanc accompagné de beurre d’arachide local durant les jours de fête.

Dans l’après-midi, après notre cours de créole d’une durée d’une heure, nous sommes à la recherche d’une activité. Pendant que les Haïtiens partisans de soccer crient à tue-tête en regardant la partie diffusée grâce à leur antenne, nous lavons notre linge, marchons en équilibre sur la « slackline » de Sam, jouons au soccer avec les garçons des alentours ou partons faire des courses et passons un peu de temps chez Guener, le tenancier du « bar-discothèque-dépanneur-quincaillerie-pharmacie Mitzraël » qui est situé au beau milieu du Chemin du Bassin-Zim. Ici, tout le monde connait Guener, enfin, tout le monde connait tout le monde à Papaye et nous ne sommes pas exclus. Nous sommes les populaires Québécois-Canadiens vivant au Sant de Formasyon Kad Peyizan du MPP. C’est donc en buvant une bière Prestige tout en écoutant de la musique kompa ou en nous prélassant sur la petite terrasse de notre habitation que nous terminons notre journée typique à Papaye.

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