« Depuis le 12 janvier 2010, je vis sous les tentes », raconte Medjine Adonis. « Heureusement qu'il y a Fanm Deside pour nous aider ». Dans ces camps de fortune, les services sont rudimentaires. Ces petites maisons de toile n'ont pas de porte. Conséquence : l'insécurité est totale. Vols et viols y sont monnaie courante. Et chaque jour, dans les locaux de Fanm Deside à Jacmel, on voit arriver des femmes blessées, victimes de violences sexuelles.
(Alors que la délégation écoutait Medjine, une femme a traversé les lieux rapidement, en pleurs, soutenue par une intervenante. Tous et toutes ont observé un moment de silence.)
Depuis le séisme, les responsables de cet organisme, multiplient les visites dans les camps et interviennent pour que les services soient plus sécuritaires. On a fait déplacer les douches, trop éloignées, afin de mieux protéger les femmes et les filles. On surveille les entrées dans les camps afin d'empêcher des intrus de s'y introduire. On fait appel aux policiers pour qu'ils interviennent dès que des abus sont commis.
Fanm Deside œuvre au milieu des femmes des milieux populaires de Jacmel et des communes environnantes, souvent cheffes de familles monoparentales. L'organisme offre, depuis 1989, de la formation aux femmes et un accompagnement pour celles qui sont victimes de violence.
Lorsque les femmes présentent leur organisme, un nom revient souvent. Celui de Rachel Vinet. Cette religieuse de Montréal – de l'Institut Notre-Dame du Bon-Conseil de Montréal – fut l'instigatrice de plusieurs groupes à Jacmel. Les locaux de Fanm Deside sont situés dans les locaux même qu'occupait la communauté.
L'organisme caresse un grand projet. Construire une maison d'hébergement pour les femmes violentées. Demain, nous irons voir la progression des travaux. Cette maison comptera quatre dortoirs, une cafétéria et une salle de jeux pour les enfants. Développement et Paix a contribué à l'achat du terrain. Soeur Rachel serait bien fière de cette réalisation, qu'elle suit attentivement de Montréal. On compte bien l'inviter à l'inauguration.
Des dirigeants de Jacha (Jeunesse en action pour le changement d'Haïti), Jonas Azor, Ilda Duroc et Jackson Marcelin, auprès de Mgr Richard Smith, archevêque d'Edmonton, et de Michael Casey, directeur général de Développement et Paix, sous un portrait de Rachel Vinet.