Je rentre tout juste de la rencontre organisée conjointement par la Coopération internationale pour le Développement et la Solidarité (CIDSE), une alliance d'organismes œuvrant dans le domaine du développement international dont Développement et Paix est membre, et le Conseil pontifical Justice et Paix, à Rome, pour célébrer le lancement de l’encyclique du pape François, Laudato Si (Loué sois-tu) et partager nos premières impressions, sentiments et plans pour assurer la diffusion et la mise en œuvre de ce document que plusieurs qualifient de révolutionnaire.
La veille de la rencontre, j’ai assisté à la conférence de presse, où Naomi Klein, journaliste, auteure et environnementaliste canadienne, a témoigné de la force et puissance du message que le pape François lance au monde entier. La conférence, qui s’est déroulée sur deux jours rassemblait près de 200 personnes venues non seulement d’un large éventail de la communauté catholique, mais également des scientifiques, des militants du mouvement contre les changements climatiques, des musulmans, des juifs, des protestants ou encore des athées. Mais toutes et tous, peu importe leurs croyances personnelles, affirmaient que cette encyclique présente un plan clair de ce que nous devons faire pour opérer une réelle conversion écologique et sauver cette terre qui est notre maison. De plusieurs bouches nous avons entendu dire que cette encyclique du Saint-Père est le plus courageux et audacieux des documents politiques sur l’environnement que l’on ait jamais vu.
Le président du Tuvalu, le quatrième plus petit pays au monde situé au centre de l’océan Pacifique, nous a partagé ses craintes. Sa nation est menacée d’extinction en raison de la crise climatique, et de l’injustice de la dette climatique que les pays riches ne reconnaissent pas aux pays les plus pauvres. En même temps, il s’est engagé à ce que son pays opère un virage complet vers les énergies renouvelables d’ici 2020. Moema de Miranda, du groupe Ibase au Brésil nous a parlé avec passion et émotion de la criminalisation des mouvements sociaux qui remettent en question notre mode de vie actuel. Se référant à l’encyclique, où il est mentionné que le cri de la Création se joint au cri des pauvres, elle nous a rappelé que la nature agit comme une mère qui défend ses enfants menacés et abusés.
Ensemble, nous avons aussi célébré une messe en plein air, présidée par le Cardinal Turkson, président du Conseil pontifical Justice et Paix, dans un parc situé dans une zone défavorisée de Rome, où l’écologie intégrale a pris tout son sens (l’environnement social, culturel, politique, écologique et économique de l’être humain). Nous avons prié pour la réconciliation en ce lieu blessé où les personnes et la nature souffrent.
Il m’est malheureusement difficile de tout vous raconter en un seul message mais je voulais au moins partager ce que j’ai ressenti car je n’ai pas le droit de tout garder pour moi !
Je termine en vous proposant le poème Postscript de Seamus Heaney, et cité par Mary Robinson, ancienne présidente de l’Irlande et maintenant envoyée spéciale des Nations Unies sur les changements climatiques. Ce poème aborde notre émerveillement devant l’abondance et la générosité de la nature et de la Création :
And some time make the time to drive out west
Into County Clare, along the Flaggy Shore,
In September or October, when the wind
And the light are working off each other
So that the ocean on one side is wild
With foam and glitter, and inland among stones
The surface of a slate-grey lake is lit
By the earthed lightening of flock of swans,
Their feathers roughed and ruffling, white on white,
Their fully-grown headstrong-looking heads
Tucked or cresting or busy underwater.
Useless to think you'll park or capture it
More thoroughly. You are neither here nor there,
A hurry through which known and strange things pass
As big soft buffetings come at the car sideways
And catch the heart off guard and blow it open
Enfin, je vous encourage très fortement à lire l’Encyclique, qui comme plusieurs de nos amis et partenaires ont dit, aurait pu être écrite par nous, tellement elle rejoint notre pensée.
De l’inspiration de Montréal à Rome
Dans Vie institutionnelle
13 juillet 2015