« La ville de Tacloban et l’île de Leyte ont été très médiatisées mais il ne faut pas oublier l’île de Panay. Ici, aussi, le typhon a fait de nombreuses victimes. Plus de 147 000 personnes sont affectées et il vous suffit de regarder autour de vous pour vous rendre compte que beaucoup personnes souffrent », déclare le père Mark Granflor, directeur du bureau d’action sociale de l’archidiocèse de Capiz, la Caritas diocésaine.
Dans la zone côtière de Roxas et dans la ville de Panay, la pêche est l’une des principales activités. Toutefois, en plus d’avoir sévèrement endommagé la plupart des maisons, le typhon a également détruit de nombreux bateaux et filets de pêche. « Pourtant rien ne semble pouvoir démoraliser les pêcheurs. Hier, je suis allé à la rencontre de l’un d’eux et lorsque je lui ai demandé s’il avait besoin de quelque chose, il m’a répondu non. Certes, il avait perdu sa maison et son bateau, mais un voisin plus chanceux lui prêtait son propre bateau lorsqu’il avait terminé de pêcher. Ainsi, il pouvait ramener du poisson à sa famille pour manger, en vendre un peu et commencer à se relever progressivement », raconte le père Granflor.
Cette histoire illustre le courage et la résilience dont font preuve les victimes du typhon Haiyan. « Ces personnes ont peut-être perdu leur maison, leurs vêtements, mais elles n’ont pas perdu leur dignité », déclare le père Mark. Le personnel du bureau d’action sociale de l’archidiocèse de Capiz s’est rendu dans les endroits les plus reculés pour faire une évaluation précise des dommages causés par le typhon et des besoins de la population.
Rapidement, des équipes de volontaires ont été constituées pour préparer les sacs de produits alimentaires et de vêtements devant être distribués. Shella et James se sont tout de suite portés volontaires. Tandis que James charge les deux camions de la nourriture qui sera distribuée au courant de la journée, Shella prépare des sacs de vêtements qui seront distribués le lendemain. « Aider ma communauté me fait du bien, confie-t-elle. Cela me permet de me sentir utile et de ne pas penser à ce que j’ai perdu. Vous pouvez toujours trouver quelqu’un qui a perdu plus que vous. » Une fois chargés, les camions se dirigent vers une communauté située à quelques kilomètres de la ville de Panay. Sur la route, des paysans réparent déjà leurs rizières. « L’agriculture est la deuxième activité économique après la pêche », explique le père Mark. « Ce secteur a aussi été très affecté par le typhon. Si les rizières peuvent être récupérées assez rapidement, il faudra des années avant que les palmiers et les cocotiers produisent à nouveau. »
Debout à l’endroit où se trouvait son église faite de bois et de bambous, le père Jose Taz Lasola de la mission Padre Pio à Roxas, regarde les alentours avec émotion. « Je ne voulais pas laisser mes paroissiens. Mais lorsque le toit de ma maison s’est envolé et que le vent a fait exploser les fenêtres, j’ai été obligé de fuir », raconte le père Jose. « Mais ma communauté de 800 paroissiens est forte et unie. Les familles fabriquent des abris à partir des restes de leurs maisons, et déjà, des volontaires m’aident à dégager les débris pour reconstruire leur église. Mais avant l’église, ce sont les familles qui doivent retrouver un toit et reprendre une activité génératrice de revenus », dit-il.
La population s’est rassemblée devant l’église au toit arraché. Dans cette communauté, les responsables paroissiaux ont préparé une liste des 250 familles devant recevoir de l’aide en priorité. Chacune aura droit à un seau contenant 3 kilos de riz et à de l’eau potable. C’est dans le calme que la distribution s’effectue jusqu’au coucher du soleil. Les personnes qui repartent avec de quoi nourrir leur famille pour deux jours sont reconnaissantes. Elles aimeraient toutefois recevoir de l’aide pour reconstruire leurs maisons ou du moins avoir des bâches en plastique et des cordes pour consolider leurs abris temporaires.
Le lendemain, c’est le même message que portent les habitants de Linateran, un quartier de la petite ville de Panay. « J’ai besoin d’un toit pour abriter ma famille », dit Alex, un chauffeur de taxi venu chercher un sac de vêtements à la distribution organisée par la Caritas diocésaine. Avec Prince, son jeune fils, dans ses bras, il affirme que « si nous pouvons reconstruire nos maisons, alors nous pourrons aller de l’avant. Aujourd’hui, les conditions sont très difficiles et j’ai peur que mon garçon ne tombe malade ».
Plusieurs membres de la communauté nous demandent de les accompagner dans le quartier pour constater l’étendue des dommages. Devant sa maison en ruine, Myrna, une mère de 4 enfants essaye de récupérer des nipas, un assemblage de feuilles de palmier servant à la confection traditionnelle des toits. « Nous manquons de tout et nous n’avons reçu aucune aide du gouvernement », dit-elle. « Mais au sein de notre communauté, nous nous entraidons comme nous le pouvons. Lorsque l’un d’entre nous a un peu plus de nourriture, il partage son surplus avec les familles voisines. Mais pour nos maisons, qu’est-ce que nous pouvons faire ? Nous n’avons pas d’argent pour acheter des matériaux. Alors nous faisons comme nous le pouvons. Toute l’aide que vous pouvez nous fournir est la bienvenue. »
Cette semaine, Caritas recevra 13 000 bâches en plastique qui seront réparties dans les zones affectées. Elles s’ajoutent aux milliers de bâches déjà distribuées sur l’île de Leyte. « C’est vrai que Tacloban et l’île de Leyte ont été ravagées », dit le père Mark. « Mais les autres régions qui se trouvaient sur le passage du typhon semblent avoir été oubliées. » Malgré la grande solidarité qui les unit, les survivants du typhon Haiyan ne peuvent souvent compter que sur l’aide internationale pour espérer se relever. Cette aide doit donc être acheminée à l’ensemble des régions touchées par la catastrophe. C’est ce que s’emploient à faire Développement et Paix et ses partenaires de la confédération Caritas Internationalis.
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