Heureux qui, comme moi, a fait un long voyage. En décembre 2014, j’ai eu le plaisir de visiter des initiatives de différents partenaires de Développement et Paix au Niger et au Mali et de discuter avec des communautés villageoises.
Cette visite sur le terrain a permis d’identifier des projets, des partenaires et des organisations locales que Développement et Paix appuiera pour la mise en place de sa programmation de lutte contre l’insécurité alimentaire au Sahel.
Ces communautés, constituées de personnes motivées et mobilisées pour faire changer les choses – connaissent toujours les mêmes préoccupations pour leur famille : la nourrir, acheter des vêtements, envoyer les enfants à l’école et payer les soins de santé.
La demande réitérée au fil de discussions fort intéressantes se résume ainsi : aidez-nous seulement à améliorer nos sources de revenus, rien d’autre! Un appel légitime pour permettre de vivre dignement et fièrement du fruit de son travail.
C’est à cela que s’attèlent les partenaires locaux rencontrés au Niger et au Mali, tels que les Caritas nationales et diocésaines, Kilabo, AmASSA et AcSSA d’Afrique Verte ou encore AREN : ils appuient les organisations paysannes à travers diverses initiatives portées par les villages concernés.
Les aménagements d’espaces de maraîchage grillagés contre les animaux errants et la formation à l’agro-écologie s’avèrent particulièrement efficaces. Cela permet de produire des aliments avec des engrais naturels pour assurer une autoconsommation à moindres frais. Cela permet aussi de revendre les excédents de production pour avoir ensuite accès à de nouvelles semences, et ainsi de suite.
La mise en place de banques céréalières communautaires permet aux villages d’avoir accès à des semences achetées localement sans avoir à subir la fluctuation du prix sur les marchés. Les bénéfices retirés sont utilisés pour refournir le stock ou redistribués parmi les gestionnaires de la banque; souvent des femmes, que l’on dit plus à même de gérer les fonds...
L’appui à la gestion de centre de transformation du lait vise à assurer des débouchés à une population d’éleveurs particulière de la région, les agropasteurs semi-nomades et les pasteurs transhumants. Il existe aussi des centres de transformation des céréales pour permettre aux femmes de vendre, avec plus-value, des produits préparés pour lesquels la demande est forte dans les marchés urbains.
Toutes ces initiatives contribuent à ce que l’on nomme la résilience, soit la capacité de résister et de se relever des effets de crises récurrentes sans compromettre le potentiel de développement à long terme; ce qui distingue la résilience de la simple survie.
Mais au-delà de la sécurité alimentaire, l’amélioration des revenus a d’autres répercussions non négligeables. Les enfants, et plus particulièrement les filles, ne sont plus mis à contribution pour assurer les revenus manquants; il y a donc moins d’entraves à leur scolarisation.
Ces activités renforcent aussi les échanges entre villages et individus et diminuent les solutions financières néfastes pour l’environnement, où la rareté des ressources est aussi source de conflits. Ainsi, la coupe du bois, cause de désertification, diminue. Les villageois sont occupés par d’autres activités rémunératrices, ce qui leur laisse moins de temps pour la coupe de bois et ils n’en sont plus dépendants pour générer des revenus.
Améliorer les revenus, c’est aussi contribuer indirectement au mécanisme de solidarité qui se pratique dans les villages avec ceux qui traversent une période difficile. Les organisations paysannes se forment, organisent leur travail, gèrent leurs acquis et développent leur autonomie. L’appui financier dans ce développement représente ici un investissement qui alimente ces initiatives utiles et bénéfiques plébiscitées par les organisations paysannes elles-mêmes.
L’argent ne fait certes pas seul le développement… mais il y contribue.