Le 25 avril dernier, premier anniversaire du séisme, je me suis rendu au Népal, pour deux semaines, afin d’évaluer l’évolution du contexte et d’assurer le suivi des projets appuyés par Développement et Paix. Il s’agissait aussi de marquer symboliquement la présence de notre organisation auprès des Népalaises et des Népalais afin de commémorer ensemble, ce triste évènement. Ce fut notamment l’occasion d’honorer une nouvelle fois les victimes, de confirmer notre soutien aux acteurs engagés à reconstruire le pays et d’assurer notre appui aux personnes sinistrées qui souhaitent retrouver une vie normale.
Une année écoulée, déjà, mais le sentiment amer que rien n’a vraiment changé depuis ma dernière visite, en juillet 2015. J’ai parfois l’impression que la situation reste plus préoccupante qu’auparavant.
Nawang Tamang les jours suivant le tremblement de terre en 2015 et un an après.
Photo par Matthieu Alexandre/Caritas
Politiquement, le gouvernement a profité de la catastrophe pour finaliser une constitution fédérale. Cette dernière n’a pas répondu aux demandes de représentativité de la population des plaines du Teraï, dans le Sud du pays, qui, mécontente, a mené à un blocus économique entraînant une pénurie de pétrole et de gaz. L’économie du pays a été déstabilisée notamment du fait d’une hausse des prix. Par ailleurs, le gouvernement n’a pas su jouer son rôle de coordinateur à cause de blocages politiques internes et de sa volonté affichée de contrôler et contraindre contre toute logique d’efficacité et d’impact rapide. Les organes démocratiques locaux n’ayant pas été nouvellement élus depuis 2002, le manque de représentativité -et donc d’imputabilité- sont également des freins au processus de reconstruction communautaire.
À tout ceci s’est ajoutée une période sécheresse qui dure depuis huit mois : les feux de forêts se sont multipliés et les sources d’eau dont les cours ont déjà été modifiés par le tremblement de terre, se sont taries. L’eau est donc devenue un enjeu de taille. Les paysans et paysannes s’inquiètent beaucoup de ce manque d’eau qui risque d’avoir des conséquences sur leur sécurité alimentaire et leur économie familiale à court et moyen terme.
La résilience de la population Népalaise affectée reste très grande. Malgré les manquements du gouvernement, certains sont décidés à aller de l’avant en courant le risque de ne pas recevoir les compensations financières promises pour la reconstruction ou de construire des maisons qui ne répondent pas aux normes antisismiques. De nombreuses victimes s’apprêtent à vivre une nouvelle mousson et un nouvel hiver sous leurs vieux abris qui devaient être temporaires.
C’est dans ce contexte un peu sombre et frustrant que les membres des organisations locales et internationales continuent de déployer leurs efforts, malgré les lourdes contraintes et défis, afin de rétablir la dignité des personnes dans le besoin. Développement et Paix participe à ce processus de reconstruction, pour les deux prochaines années, notamment par la reconstruction des maisons, la relance agricole et économique et la lutte contre le trafic humain.
Lors de ma prochaine visite, j’espère que les choses auront évolué dans le bon sens. Alors que je m’apprêtais à prendre l’avion pour le long voyage du retour, quelques gouttes de pluies annonçaient la mousson : une bonne nouvelle pour les champs mais un obstacle climatique de plus pour la reconstruction des maisons.