La situation difficile qui affecte actuellement des milliers de Maliens n’aura échappée à personne. L’intervention militaire française, si elle apparaît soutenue par la grande majorité des Maliens, risque de rendre davantage précaire la situation humanitaire de la population et particulièrement celle au Nord. L’instauration de l’état d’urgence par le président Dioncounda Traoré affecte d’autant plus les 200 000 personnes vivant encore dans cette région : « J’ai une crainte pour la population du Nord aujourd’hui. On sait que cette population vit de manière précaire. Avec la fermeture des routes, il n’y a aucun contact possible avec la population, qui reste livrée à elle-même. Il est donc urgent d’ouvrir un couloir humanitaire afin de pouvoir leur acheminer de l’aide » déclare Gaston Goro, conseiller à la communication et chargé des urgences au secrétariat national de Caritas Mali.
Le pays connait une crise sans précédent où l’insécurité alimentaire se cumule à une grave crise politique et sécuritaire qui affecte essentiellement le nord du pays et menace l’ensemble du territoire. L'ONU estime aujourd’hui à 230 000 le nombre de déplacés dans le pays et à 150 000 les réfugiés dans les pays voisins. L'été dernier déjà, notre équipe rendait visite à un centre de Bamako qui héberge des familles déplacées (une centaine de personnes) ayant fui le nord du pays en raison du conflit. Le Niger, pays frontalier, accueille de nombreux réfugiés. Notre partenaire local, CADEV (Caritas Niger), aide au camp avec l'enregistrement des nouveaux arrivants et la distribution de produits non alimentaires.
Dans ce contexte, Caritas Mali prépare une mission d’urgence d’évaluation de la situation dans le but de venir en aide aux personnes qui se déplacent vers le sud du pays. Leur situation va certainement se compliquer avec la destruction des infrastructures de santé, des structures administratives et des établissements scolaires. Il est donc urgent de trouver des moyens d’acheminer l’aide humanitaire.
Développement et Paix a recueilli plus de 2,2 millions de dollars suite à un appel lancé en mai 2012 pour venir en aide aux 18 millions de personnes touchées par la famine au Sahel, en Afrique de l’Ouest, incluant le Mali. L’organisme soutient essentiellement de vastes projets de distribution de produits alimentaires. « Les actions engagées au Mali dans le cadre de nos projets visant à promouvoir la souveraineté alimentaire ont permis d’éviter une catastrophe humanitaire dans la zone sahélienne confrontée de façon récurrente à l’insécurité alimentaire. La récolte a été bonne cette année ce qui permettait aux paysans d’espérer... Toutefois, le conflit qui sévit actuellement entraînera des milliers de familles à se déplacer dans le sud du pays et dans les pays frontaliers, ce qui fera peser une pression extrême sur les familles paysannes qui se voient dans l’obligation de nourrir un nombre plus importants de personnes », rappelle Guy Des Aulniers, chargé des programmes de secours d'urgence à Développement et Paix.