Plus de 200 000 syriens fuient chaque mois leur pays pour se réfugier en Jordanie, au Liban, en Turquie, en Iraq et en Égypte. Alors que nous venons de souligner la semaine dernière, la Journée mondiale des réfugiés, le père Simon Faddoul, président de Caritas Liban – un partenaire de Développement et Paix – dresse un bilan alarmant de la situation des réfugiés syriens qui sont chaque jour un peu plus nombreux à arriver au Liban.
Combien y a-t-il de réfugiés syriens au Liban et dans quelles conditions vivent-ils ?
Il y a près de 530 000 réfugiés syriens au Liban selon le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et plus d’un million d'après le gouvernement libanais – qui compte en plus les réfugiés arrivés avant le conflit. Quoi qu’il en soit, le nombre de réfugiés s’accroit de manière alarmante. Les besoins des populations réfugiées augmentent alors que les ressources ne cessent de diminuer. Et malgré les efforts que nous déployons, nous ne pouvons pas combler l’ensemble des besoins de ces personnes qui vivent dans la détresse.
Les réfugiés les plus fortunés parviennent à louer des appartements exigus, les autres s’installent sur des parcelles de terrain et y construisent des abris de fortune. On trouve jusqu’à 10 membres d’une même famille sous une seule tente et certains s’installent parfois à même le sol! Ils vivent au jour le jour dans des conditions très difficiles sans cuisine, sans accès à l’eau courante ni accès aux structures sanitaires de base.
Quels sont les besoins les plus importants des réfugiés ?Face au flot continu de réfugiés syriens dans le pays, les besoins sont très importants. Il y a des enfants handicapés qui n’ont accès à aucune aide, des personnes souffrant de maladies chroniques ne parviennent pas à se procurer les médicaments dont ils ont besoin. Certains réfugiés vendent les colis alimentaires qu’ils reçoivent afin de s’acheter des médicaments ou d’autres produits de base.
De plus, les réfugiés vivent dans une trop grande promiscuité et lorsqu’une personne tombe malade, il est impossible de l’isoler. Il y a donc un grand risque de contamination. On constate ainsi l’apparition de maladies et d’épidémies que nous avions oubliées depuis longtemps telles que la tuberculose ou encore la gale. Le risque du choléra plane également à cause des mauvaises conditions d'hygiène.
Face à cette situation, quel est le rôle de Caritas Liban?
L’action de Caritas Liban couvre la distribution de produits alimentaires, de produits d’hygiène, de matelas, de couvertures, de vêtements, de biens pour les enfants, mais apporte aussi un soutien psychologique et dans certains cas, octroie une allocation pour le paiement des loyers.
Nous nous occupons également de fournir une assistance médicale – notamment par le biais de notre centre médical et de nos cliniques mobiles – mais seulement pour ce qui concerne les besoins primaires, c'est-à-dire les consultations médicales, la prescription et l’octroi de médicaments et de vaccins. Nous ne sommes malheureusement pas en mesure de prendre en charge les patients souffrant de maladies chroniques ou ayant des besoins importants.
Il y a un problème qui nous inquiète, c’est celui des enfants qui vivent dans les camps et plus particulièrement de leur scolarisation. Sachant que près de 40 % des réfugiés sont des enfants en âge d’être scolarisés, il devient impératif de s’en occuper. Ce sont de milliers d’enfants traumatisés que nous sommes en train de voir grandir sans rien. Nous sommes donc en train de réfléchir à la mise sur pied d’un projet non formel d’éducation dans les camps mais cela demande beaucoup de moyens.
Comment les libanais vivent-ils la situation ?
Le Liban vit une situation instable et les conditions de vie des familles libanaises se détériorent chaque jour un peu plus. Elles sont touchées par la hausse drastique des prix des produits de base et des logements. L’accueil des réfugiés est une charge supplémentaire pour ces familles qui n’ont parfois pas beaucoup de ressources. C’est pourquoi nous tentons de soutenir les familles les plus pauvres en leur octroyant une aide financière pour le paiement des loyers. De manière générale, l’afflux des réfugiés a un impact à la fois économique, social et sécuritaire. Caritas Liban doit servir de pare-choc et venir en aide, en plus des réfugiés, aux libanais les plus démunis.
De quelle manière travaillez-vous avec Développement et Paix ?
Nous travaillons en partenariat avec Développement et Paix pour financer et mettre en œuvre des projets visant à répondre aux besoins des réfugiés ainsi qu’aux communautés d’accueil. Dans un premier temps, nous avons pu agir au niveau de la sécurité alimentaire notamment par la distribution de nourriture. Par la suite, grâce à un financement de l’Agence canadienne de développement international (ACDI), nous avons pu intervenir sur le plan médical auprès des réfugiés vivant hors des camps avec nos centres médicaux et en mettant sur pied des cliniques mobiles.
Comment voyez-vous l’avenir des réfugiés syriens au Liban?
Actuellement, il est difficile d’entrevoir l’avenir. Les ressources disponibles sont insuffisantes et les besoins ne cessent d’augmenter. Nous ne voyons pas la fin de la souffrance, et c’est ce qui rend le quotidien très compliqué.
Quel message souhaitez-vous lancer à la communauté catholique ainsi qu’à la communauté libanaise établie au Canada?
Je souhaite lancer un message d’amour et de paix. Nous devons prier et travailler pour la paix, car celle-ci devient une nécessité dans notre région. Nous sommes tous frères et sœurs et nous devons placer l’amour et la réconciliation au premier plan. Il y parmi les réfugiés que nous accueillons, des catholiques et des musulmans, mais nous ne faisons aucune distinction. Les besoins sont là et tout le monde est confronté à la souffrance. Ce que nous faisons aujourd’hui, nous le faisons au nom de l’Église. Il faut continuer à faire le bien et à minimiser les souffrances autant que possible.
Développement et Paix vous invite à agir sans plus tarder pour aider les déplacés et réfugiés de la guerre civile en Syrie. Appuyez nos efforts de secours d’urgence au Moyen-Orient.
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« Au Liban, le nombre de réfugiés augmente de manière alarmante »
Dans Urgences
26 juin 2013