Geneviève a voyagé récemment au Burkina Faso pour rencontrer Caritas Burkina Faso (OCADES) et la Banque canadienne de grains (Canadian Foodgrains Bank - CFGB) qui collaborent avec Développement et Paix dans un projet de distribution d'aide alimentaire en réponse à l'insécurité alimentaire croissante dans le pays. Elle nous relate son expérience sur le terrain.
Arrivée
Me voici arrivée au Burkina. L’arrivée s’est faite de façon plutôt chaotique : je devais premièrement aller à Bamako au Mali pour ensuite venir à Ouagadougou au Burkina Faso. Mais la situation étant ce qu’elle était au Mali, le vol vers Bamako a été annulé et j’ai atterri directement sur Ouaga. Par chance notre partenaire Ocades Caritas Burkina a su faire face à la situation : j’étais entre bonnes mains ! Ils sont venus me chercher et puis j’ai rapidement rejoint Ary, le consultant de la Banque canadienne de grains qui a dû lui aussi modifier rapidement son itinéraire. Les urgences c’est ça : faire face aux imprévus. Première impression de Ouaga : ville de terre rouge, il y fait chaud et sec et les gens sont affairés. Pourtant, ici on ne sent pas trop l’insécurité alimentaire : les marchés sont animés, les vivres bien en vue. J’ai bien hâte de rencontrer les gens de l’OCADES afin d’en savoir plus !
Première journée
Après m’avoir chaleureusement accueillie à l’aéroport, l’Abbé Isidore s’est chargé de notre arrivée à OCADES Caritas Burkina. Première réunion de travail pour discuter du projet de distribution alimentaire. Ary et moi y avons rencontré l’ensemble de l’équipe d’OCADES qui va s’occuper de ce projet de secours d’urgence. L’équipe est composée de 5 personnes : Mme Rita Zoungrana, responsable du département de solidarité et de partage (département qui s’occupe des secours d’urgence), M. Désiré Somé, chargé des urgences, M. Flavien , chargé des communication et bien sûr le chef comptable et le comptable qui veilleront au suivi financier du projet. L’équipe est importante car c’est un gros projet : il faudra distribuer des denrées alimentaires auprès de 2 110 ménages dans 10 diocèses pendant 4 mois. En tonnes, ce projet se traduit par 422 tonnes de maïs, 422 tonnes de riz, 42 200 litres d’huile et 142 tonnes de haricots, le tout pour 12 660 personnes. C’est lourd comme projet !
Lancement de l’appel d’offre
Le rythme des urgences est rapide : nos journées sont occupées et nous devons faire vite car nous souhaitons lancer l’appel d’offre dès le 4 mai. Nous avons des rencontres avec le Programme Alimentaire Mondial (PAM), CRS et des fournisseurs potentiels et nous devons finaliser la quantité de mais, de riz, d’huile et de légumineuses nécessaires par diocèse. Ça peut avoir l’air simple comme ça, mais en fait ça demande beaucoup d’information et de coordination car OCADES, comme toute les Caritas, fonctionne de façon très décentralisée. Il faut rejoindre tous les diocèses participants pour avoir les informations nécessaires. Tout ça nous a pris 2 jours de travail continu. Mais vendredi le 4 mai nous avons lancer l’appel d’offre, ce qui voulait dire contacter 10 fournisseurs potentiels pour leur soumettre notre offre. Ils avaient jusqu’au 11 mai pour nous remettre une proposition finale et nous avons ensuite procédé à l’ouverture des plis!
Visites de deux diocèses : Manga et Kaya
Afin de bien saisir la réalité du terrain, j’ai demandé à OCADES d’organiser deux visites terrain. La première s’est faite à Manga où j’ai visité deux villages, l’un qui avait bénéficié d’une pompe hydraulique et l’autre qui a organisé des jardins communautaires construit autour d’un barrage pour 100 ménages. L’autre visite s’est faite à Kaya où j’ai vu des femmes pratiquer le zaïr. Le zaïr est une pratique agricole d'une province du Burkina et qui consiste à piocher de petits trous dans un sol extrêmement sec, y semer une graine et la recouvrir de compost. Lorsque la pluie viendra, la semence poussera bénéficiant d’un terreau fertile. J’ai aussi visité un projet d’aménagement des bas-fonds qui consiste à faire des diguettes dans les bas-fonds afin de permettre la culture du riz. Cette fois aussi, le succès du projet dépendra des pluies. En fait, ici, tout dépend des pluies.
« La dernière pluie à tomber sur Kaya date du 22 septembre 2011 » se rappelle Monsieur Zobra, un curé de paroisse, et d’ajouter : « Ce manque d’eau ajouté à la pauvre récolte de l’année dernière contribue à l’insécurité alimentaire des gens qui vivent ici ». Cette remarque confirme le témoignage des femmes qui triment dur sur le projet du zaïr et qui nous confiaient avoir maintenant accès qu’à un seul repas par jour et avoir de la difficulté à nourrir leur famille tous les jours. « Tous les jours, le nombre de gens venant à l’Évêché pour demander notre aide au niveau de la nourriture augmente. Ce projet d’aide alimentaire est donc le bienvenu, » nous a dit l'évêque de Kaya.
En fait, il semble que le défi pour les diocèses participants sera de restreindre le nombre de ménages participants car il semble bien qu’un nombre grandissant de personnes soient touchées par l’insécurité alimentaire.