Lorsque le typhon Haiyan a dévasté les communautés de pêcheurs vivant aux abords de la baie de San Pablo, dans la ville de Tacloban, rares étaient ceux à imaginer qu’une telle destruction puisse favoriser la renaissance.
Pourtant, la création d’un site de réinstallation modèle fait aujourd’hui souffler un vent d’espoir et de renouveau sur certaines des communautés les plus démunies touchées par le typhon. Ce nouveau projet est mené par Développement et Paix, en collaboration avec Urban Poor Associates (UPA), l’archidiocèse de Palo et l’église rédemptoriste de Tacloban.
De concert avec ces groupes locaux, Développement et Paix a formé un consortium pour acquérir un terrain, dans le but de faciliter la réinstallation de 600 familles. Ce déménagement marquera un nouveau départ pour ces personnes qui, jusque-là, faisaient face à un avenir pour le moins précaire.
En effet, plusieurs de ces communautés de pêcheurs, qui ont vu leurs maisons et leurs moyens de subsistance emportés par le typhon, vivent depuis dans une grande incertitude. Vu la proximité de leurs terres à la mer, le gouvernement a désigné ces zones comme étant non habitables, une décision qui empêche les résidents de rebâtir au même endroit. Pendant ce temps, les plans de relocalisation du gouvernement demeurent vagues et prennent du temps à se concrétiser. On a proposé de déménager les populations à l’intérieur des terres, ce qui les éloignerait de l’eau, de la ville et de leurs moyens d’existence.
De nombreuses communautés vivent dans de mauvaises conditions au bord de l’eau.
Disposant de peu de réponses, plusieurs de ces communautés ont tout de même réussi à reconstruire leur vie, grâce au soutien de Développement et Paix et d'UPA, un organisme qui informe les personnes pauvres de leurs droits en matière de logement et les aide à se regrouper pour défendre ces droits.
Depuis plus d’un an, des organisateurs communautaires d’UPA travaillent à mobiliser les populations de certains des districts les plus durement touchés, les encourageant à former des associations pour faciliter leur accès aux services, défendre leurs droits et obtenir des abris décents.
L’une des réussites les moins visibles de l’organisation communautaire - et pourtant l’une des plus importantes - est d’unir les gens dans la recherche de solutions à des problèmes communs. Ainsi, le sentiment d’unité créé par les organisateurs communautaires dans les districts concernés contribuera grandement au succès du site de réinstallation et à son développement subséquent.
Même s’il faudra attendre encore au moins un an avant d’ouvrir le site, plusieurs activités sont déjà en cours. Par exemple, les districts concernés ont tenu de nombreuses réunions pour choisir les familles qui déménageront. Ce sont les communautés elles-mêmes qui ont établi les critères de sélection, afin de garantir un processus équitable et un traitement prioritaire des personnes les plus vulnérables.
Au cours des prochaines semaines, des ateliers de consultation serviront à sonder le point de vue et les idées des personnes qui s’installeront sur le site – et du même coup, à amorcer la création d’un réel sentiment d’appartenance à la communauté. Ce processus de consultation est fondé sur l’expérience et l’expertise d’architectes communautaires ayant participé au programme de reconstruction post-tsunami de Développement et Paix à Aceh, en Indonésie.
Le site où les communautés se réinstalleront.
Récemment, un atelier a été organisé pour planifier l’aménagement du site, dont l’emplacement des maisons, des espaces communautaires et même des commerces. Dans un premier temps, des géologues et des architectes ont décrit les particularités du site, puis on a distribué des plans en relief aux participantes et participants, qui ont travaillé en groupes pour créer des propositions d’aménagement. Pour cet exercice, on les a encouragés à rêver à toutes les possibilités. Les propositions ainsi créées seront utilisées par les architectes pour dessiner les plans finaux.
Des représentantes et représentants de la communauté se sont réunis pour formuler des propositions d’aménagement pour le site de réinstallation.
D’autres ateliers sur les moyens de subsistance dans la communauté, la conception des maisons et la création de comités communautaires chargés de certaines responsabilités sont prévus. En consultant ainsi les futurs résidents, en sollicitant leur participation et en recueillant leurs idées, on entend favoriser le développement durable de la communauté à long terme.
Avant même le passage du typhon, avoir une maison permanente n’était qu’un rêve inaccessible pour plusieurs. Cependant, les changements climatiques ont apporté une nouvelle réalité, caractérisée par l’augmentation de la fréquence et de la sévérité des typhons. Pour survivre, les communautés doivent absolument renforcer leur résilience matérielle. En prenant ce virage de façon unie, elles contribueront à resserrer les liens qui unissent leurs membres et n’en deviendront que plus résilientes.
Mary Ann Guinoohan affirme qu’elle se sentira plus en sécurité sur le nouveau site, car il est situé à une altitude supérieure et ne sera pas inondé durant la saison des typhons.