L’Organisation des Nations Unies considère le conflit et la crise alimentaire actuels au Soudan du Sud comme les pires de la planète. Caritas Internationalis (CI) a lancé un appel à ses membres à travers le monde pour soutenir les programmes de secours d’urgence dans ce pays. Développement et Paix appuie cet appel et collabore avec Caritas Soudan du Sud en apportant une aide aux plus vulnérables. Dans cette entrevue, John Coughlin et Kasina Faith, tous deux membres de l’équipe d’intervention d’urgence de CI, rendent compte de la situation sur le terrain.
1. Pouvez-vous décrire les conditions et les difficultés rencontrées par la population?
La situation sur le terrain est catastrophique. À l’heure actuelle, plus de 1 million de personnes ont dû quitter leurs maisons et vivent maintenant dans des camps souvent surpeuplés avec peu d’accès à de la nourriture, de l’eau potable, des abris et des médicaments en quantité suffisante. Quatre cent mille autres vivent en tant que réfugiés en Ouganda, au Kenya et en Éthiopie. La plupart de ces familles déplacées sont encore prises dans des zones qui sont difficiles d’accès pour les travailleurs humanitaires en raison des tensions et des combats persistants. La saison des pluies aggrave la situation, car la plupart des routes sont impraticables, ce qui rend difficile le transport de l’aide humanitaire. Les pluies ont également entraîné une éclosion de choléra dans de nombreuses régions du pays. À ce jour, plus de 5 000 cas de choléra et 106 morts ont été rapportés. Le risque de famine est élevé, en particulier dans les États touchés par un conflit dans le nord, car la plupart des gens sont bloqués dans les camps de déplacés et ne peuvent pas accéder à leurs fermes pour s’occuper des travaux des champs.
2. Quels sont les besoins les plus urgents en ce moment?
Les besoins les plus urgents sont la nourriture, l’eau, des abris et les médicaments pour les familles touchées par le conflit. Plus important encore, il doit y avoir un arrêt immédiat de toute action militaire, surtout dans les zones civiles, pour permettre l’accès sans danger des travailleurs humanitaires afin qu’ils puissent atteindre les populations vulnérables.
3. Comment voyez-vous l’évolution de la situation dans les prochains mois?
Si les parties engagées dans le conflit sont incapables de parvenir à une solution politique bientôt, les combats vont s’intensifier et le bilan des morts et des déplacés s’alourdira grandement. De plus, les agriculteurs ne pourront pas profiter des quelques semaines restantes de pluie, ce qui aggravera la situation alimentaire déjà désastreuse d’environ 4 millions de personnes d’ici la fin de l’année.
4. Qu’est-ce qui est nécessaire pour que la situation s’améliore?
L’action militaire, en particulier dans des zones civiles, doit cesser. Il faut réduire les fusils au silence pour que les gens se sentent suffisamment en sécurité pour retourner dans leurs foyers et reconstruire leur vie. Les travailleurs humanitaires doivent avoir accès en toute sécurité aux populations vulnérables afin de pouvoir leur fournir une aide indispensable et sauver des vies. De plus, les gouvernements et les bailleurs de fonds doivent poursuivre leur soutien financier, et l’augmenter, de sorte que les agences humanitaires soient en mesure d’exécuter leurs interventions de manière efficace.
5. Comment les membres de Caritas interviennent-ils?
Jusqu’à présent, Caritas a distribué des articles non alimentaires (matériaux servant à construire des abris et trousses d’hygiène) à 15 000 ménages dans les différentes régions du pays. De plus, 10 000 ménages ont reçu des produits alimentaires comme de l’huile de cuisson, de la farine de maïs et du sucre. En réponse à la hausse des cas de choléra, Caritas continue à distribuer des comprimés de purification de l’eau pour que les familles utilisent uniquement de l’eau propre, et elle sensibilise la population aux bonnes pratiques d’hygiène dans les camps de déplacés.