Philippines : Il faut un village pour rebâtir une communauté | Développement et Paix

Philippines : Il faut un village pour rebâtir une communauté

14 novembre 2014

La minuscule communauté de Baranguay 86, dans la ville de Tacloban, est à peine visible. Derrière la broussaille, un petit chemin boueux mène à un ensemble d’abris qui s’imbriquent étroitement, à l’image d’une courtepointe. Comme le reste de Tacloban, la communauté a été durement touchée par le typhon Haiyan (connu localement sous le nom de Yolanda). Tandis que la violente tempête rageait, rasant les maisons en quelques secondes à peine, les habitants qui n’étaient pas parvenus aux centres d’évacuation s’accrochaient aux cocotiers, priant pour ne pas être emportés par les vagues de 3 mètres ou par les vents de 300 km/h.

Pendant une semaine, la communauté entière a été privée de nourriture. Les gens ont fouillé les décombres d’un entrepôt avoisinant, aujourd’hui en ruines, pour trouver de rares morceaux de nourriture parmi les restants d’emballage.

La communauté a attendu les secours pendant plusieurs jours, avant de se rendre compte qu’ils ne viendraient pas. Le gouvernement avait désigné la plupart des districts aux alentours comme zones d’aide pour les organismes humanitaires; cependant, Baranguay 86 ne figurait pas sur la liste.

« Les raisons ne sont pas claires, mais nous n’étions pas désignés pour recevoir de l’aide. De plus, nous ne savions pas qui était responsable de notre quartier », a déclaré M. Ramon Apit père.

Ne sachant pas vers quelle agence gouvernementale se tourner, la communauté s’inquiétait de devoir continuer à se débrouiller sans électricité ou eau potable et à s’abriter dans des logements de fortune faits de matériaux récupérés.

Heureusement, Urban Poor Associates (UPA) est intervenu pour la secourir. Partenaire de longue date de Développement et Paix, UPA œuvre auprès de communautés parmi les plus pauvres et les plus marginalisées de Manille. Ces groupes sont souvent évincés pour faire place à des projets de développement commercial d’envergure. Grâce au soutien de Développement et Paix, UPA pu exporter son savoir et son expertise à Tacloban après le typhon. En effet, l’organisme pressentait que le droit au logement deviendrait un enjeu majeur de la reconstruction des zones touchées.

UPA a donc ouvert un petit bureau à Tacloban où il a amené un contingent d’organisateurs communautaires expérimentés. Ces agents ont été déployés dans des communautés aux prises avec des expulsions forcées, où les secours étaient absents.

Parmi les personnes qui ont répondu à l’appel pour Tacloban se trouve Jolly, un enseignant de Manille. À la suite du typhon, il a pris congé pour venir en aide à ses frères et sœurs qui avaient souffert de cette terrible expérience.

Avec l'aide de DP et notre partenaire Urban Poor Associates, la communauté a dessiné des plans permettant de vivre dans un environnement sain, confortable et sécuritaire.Aujourd’hui, Jolly travaille auprès des résidents et résidentes de Baranguay 86. Il les a notamment aidés à former une association de propriétaires et a facilité leur participation à un forum sur le droit au logement. Il a également appuyé la communauté pour qu’elle présente des demandes au gouvernement, afin d’obtenir des services et du financement pour se rebâtir.

« Avant le passage de Yolanda, notre quartier était un bel endroit. Nous avions un terrain de basketball. Il y avait toujours de la vie. Les choses ont changé, mais nous avons présenté une pétition au gouvernement pour qu’il nous aide à réparer les abris », a déclaré M. Apit.

En fait, l’association de propriétaires a conçu un plan de rêve pour la communauté, avec l’appui de Jolly et d’un ingénieur d’UPA. Le plan prévoit l’aménagement d’habitations solides, d’un terrain de jeu, d’un étang à poissons et de champs de culture. Les membres de l’association sont déterminés à ce que leur rêve devienne réalité.

« Nous sommes plus optimistes, maintenant que les organisateurs communautaires d’UPA sont ici et que nous profitons de leurs conseils. Ce sont nos anges gardiens. Ils nous aident à résoudre nos problèmes », s’est exclamé M. Apit.


Pour en savoir plus, consultez notre dossier spécial Un an après le typhon Haiyan >