Irma a déjà été identifié comme l’un des plus violents cyclones ayant jamais atteint les Caraïbes. De force 5, il attendra dès jeudi les côtes d’Haïti avec des vents soufflant à plus de 295 km/h. Développement et Paix – Caritas Canada est en contact étroit avec ses organisations partenaires en Haïti et surveille de près les impacts possibles de la tempête.
Voici les rapports de ce jour émis par nos partenaires sur le terrain. Nos pensées et nos prières se tournent bien sûr vers eux qui, encore une fois, se voient contraints de faire face à une nouvelle catastrophe naturelle dévastatrice.
IRATAM (Institut de Recherches et d’Appui technique en Aménagement du milieu.)
« Les habitants sont informés de l'arrivée du cyclone mais sont peu préparés et organisés, » dit Emile Eyma, directeur de cette organisation qui travaille en appui aux communautés pauvres du Cap Haïtien ainsi qu’aux communautés paysannes de cette région du Nord. Bien que les équipes d’IRATAM soient à pied d’œuvre aussi bien au Cap Haïtien que dans les zones rurales afin d'accompagner les organisations paysannes, les préparations du gouvernement haïtien ne sont pas adéquates.
« Il n’y a pas eu de déplacement de la population des zones côtières et inondables. » Le gouvernement a seulement annoncé la prédisposition de matériels et de nourriture afin de répondre aux besoins post-cycloniques à court terme.
« Nous devons souligner que les habitants du Nord d’Haïti n'ont pas l'habitude comme ceux du Sud de faire face aux dangers cycloniques. La zone est généralement épargnée. Ce manque d'expérience et d'information peut encore aggraver la situation. D'autres se remettent à Dieu et croient qu'au dernier moment le cyclone changera de direction et épargnera Haïti. »
ITECA (Institut de Technologie et Animation)
ITECA a exécuté notre programme de reconstruction de plus de 400 maisons suite au séïsme de 2010. Ce programme a été l’objet de louanges des gouvernementscanadien et haïtien, et ces constructions ont résisté à l’ouragan Matthew de 2016.
L’alerte rouge est décrétée par le Gouvernement sur toute l’étendue du territoire. Toutes les écoles sont fermées jusqu’au 8 septembre 2017 inclusivement. Et les départements géographiques du pays les plus menacés sont le Nord, le Nord-Ouest, le Nord-Est, l’Artibonite et le Plateau Central. ITECA intervient dans le Haut et Bas Artibonite et le Plateau Central. Nombre de nos partenaires sont présents dans les autres départements.
Le mardi 5 septembre 2017, une rencontre de coordination s’est tenue entre les ONG et le Gouvernement au Ministère de la Planification et de la Coopération Externe (MPCE). ITECA y était présent. Le Ministre a insisté sur une double priorité :
- Information et sensibilisation des communautés
- Aide d’urgence incluant la mise en place des abris provisoires et la mobilisation des kits alimentaires et sanitaires
La majorité des acteurs humanitaires présents à la rencontre se penchent donc sur l’aide d’urgence. Bien entendu, la campagne d’information est assurée et le Gouvernement revendique son leadership pour la gestion de la situation que pourrait créer le passage de l’ouragan Irma sur Haïti. L’aide d’urgence sera aussi mobilisée de manière certainement défaillante en raison des problèmes infrastructurels et institutionnels de toute sorte affectant le pays. A titre d’exemple, ce sont les locaux des établissements scolaires qui servent d’abris provisoires. C’est actuellement la rentrée scolaire. Ces écoles devraient être libérées à brève échéance. Il se posera le problème du relogement de nombreuses familles.
La capacité de relèvement demeure ainsi la préoccupation centrale des communautés. Ces dernières ne se font guère d’illusion. En raison du niveau de dégradation écologique du pays et des conditions météorologiques difficiles aggravées par le dérèglement climatique, Haïti est exposée à des risques de catastrophes naturelles récurrentes provoquant des dégâts importants. Le rétablissement des moyens de subsistance sera un impératif immédiat au cas où le passage de l’ouragan Irma provoque des dégâts considérables. L’option prioritaire pour l’ITECA va être d’accompagner les communautés à se relever.
Il sera question de miser sur la restauration des capacités collectives des acteurs communautaires. Cela devra se faire sur la base d’une approche intégrée et participative qui envisagerait les communautés éventuellement frappées par l’ouragan non pas comme des cibles, mais comme les principales actrices de leur relèvement. Les champs d’intervention suivants seront privilégiés :
- Le rétablissement minimal et rapide des habitations détruites ou endommagées au profit des couches les plus vulnérables
- La restauration d’un niveau minimum de moyens de subsistance sur la base d’un système d’activités rémunératrices qui puisse faire passer les communautés de la survie à la résilience
- La recapitalisation des exploitations agricoles en engageant, avec les acteurs communautaires, des activités démonstratives visant ou contribuant à la régénération environnementale.
- L’appui à la création de petites entreprises ou d’initiatives économiques collectives tenues principalement par des jeunes et des femmes
Caritas Haiti
Caritas Haiti a activé son plan de contingence afin d’anticiper les impacts de cette menace et de se préparer à apporter une réponse coordonnée et adéquate aux victimes potentielles, en collaboration avec ses partenaires. Les actions suivantes ont été réalisées au niveau du réseau Caritas Haiti :
- Activation de la cellule d'urgence dans chaque diocèse et au Bureau National
- Activation d’un système de communication au niveau du réseau : Communautés – Bureaux Diocésains ; Bureaux Diocésains – BN. Les Caritas paroissiales jouent un rôle important dans cette démarche. Le Protocole de Communication et de Coordination avec les partenaires / instances étatiques est aussi établi, en prenant en compte les stratégies et les principes de CI
- Activation ou création de pages Facebook dans certains diocèses
- Intervention dans les médias pour la sensibilisation et la transmission de consignes
- Établissement d’un plan de pré positionnement de « Food et Non Food Items » en concertation avec des partenaires pour répondre aux besoins rapides
- Inventaire des ressources (humaines, matérielles, moyens logistiques, stock de contingence) au niveau des diocèses
- Participation des diocèses aux réunions des COUDs (Centre d’Opérations d’urgences Départementaux) avec les Organisations GRD pour les préparations
- Maintien des contacts avec les Caritas Sœurs ayant des représentations en Haiti
L’essentiel de la première réponse consistera en la Distribution de kits alimentaires, de kits d’hygiène, de kits de cuisine, de vêtements, de sacs de couchage et de matelas et ce, tout en tenant compte des besoins sexo-spécifiques.
Le Réseau de Radios communautaires
Développement et Paix travaille également avec des radios communautaires qui ont un rôle important à jouer lors d’une crise. Depuis le début de la saison cyclonique, ces radios diffusent des spots d’information, des émissions et de courts messages.
Depuis le 31 mai, ces radios coordonnent une campagne de sensibilisation pour la saison cyclonique de 2017. Ainsi, une pléiade d’activités a été réalisée afin de renforcer les capacités des radios communautaires tant au niveau technique qu’au niveau de la formation sur les thématiques ayant rapport à la saison cyclonique. On peut dire que les radios sont prêtes pour mettre en pratique les différentes techniques et connaissances fraichement acquises. Les journalistes et membres des radios partagent les dernières informations sur un groupe WhatsApp nouvellement crée. (En Haïti, l’internet n’est pas toujours disponible, mais la quasi-totalité des habitants a un cellulaire pour utiliser WhatsApp.)
Cette semaine, les radios dans les régions susceptibles d’être les plus touchées par Irma, prennent des mesures pour protéger les équipements.