La souveraineté alimentaire au cœur de la reconstruction | Développement et Paix

La souveraineté alimentaire au cœur de la reconstruction

21 octobre 2016

Plus de deux semaines après le passage de l’ouragan Matthew, la situation en est toujours à l’heure du bilan en Haïti. L’accès aux régions les plus touchées de Grande-Anse et du Sud est encore difficile à cause des routes obstruées ou inondées. Les partenaires de Développement et Paix – Caritas Canada sur le terrain procèdent à l’évaluation des besoins urgents. Il faut aussi évaluer les besoins pour reconstruire les vies brisées et les communautés les plus touchées suite à la destruction de près de 100% des jardins agricoles et du cheptel, dans les régions de Grande Anse et du Sud.

Selon les Nations unies :

près de 1,4 million de personnes ont besoin d’aide humanitaire immédiate,
dont 175 000 personnes déplacées qui vivent actuellement dans des abris temporaires,
Les femmes et les enfants, qui représentent près de 80% des populations touchées, sont particulièrement vulnérables.
La souveraineté alimentaire et les besoins en eau potable demeurent les enjeux prioritaires afin de contrer la propagation des cas de choléra.

En entrevue la semaine dernière sur les ondes de Radio VM, Monseigneur Toussaint, évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Port-au-Prince et Président de Caritas Haïti, a affirmé qu’il « faut aider le peuple à retrouver une autonomie en fournissant le matériel pour la construction d’abri d’urgence, mais aussi dans la production alimentaire. À Les Cayes, le grenier de Port-au-Prince, il faut redévelopper des cultures maraîchères afin d’aider les gens à avoir le minimum. On ne peut pas rester dans l’assistanat et demander à la communauté internationale de nous donner à manger. »

En effet, le secteur agricole a été durement touché lors du passage de l’ouragan, tant dans les collines les plus élevées à cause des vents puissants qui ont tout arraché sur leur passage que dans les vallées, inondées par la crue des rivières. Les jardins vivriers, les arbres fruitiers et les bananiers ont quasiment disparus du paysage alors que le cheptel (caprin, bovin et équin) n’a pas survécu.

Marie-Ange Noel, coordonnatrice de Fanm Deside, témoigne « les femmes en milieu rural ont perdu toutes leurs récoltes, les vivres et leurs animaux. Non seulement les agricultrices, mais aussi les marchandes, ont perdu leurs maisons. Il faut d’abord donner de la nourriture et de l’eau aux familles, ainsi que du bois et de l’huile, des produits sanitaires pour l’hygiène de base et la lessive. Nous sommes préoccupés par la vulnérabilité des femmes et jeunes filles et nous travaillons avec la protection civile afin de s’assurer qu’elles ne soient pas victimes d’abus lors des distributions ou encore dans les abris temporaires. »

L’association Tèt Kole a effectué une première évaluation rapide et en arrive aux mêmes conclusions : « il faut dès lors songer au renouvellement des plantations et ce dès les mois de décembre 2016 et janvier 2017, en donnant priorité aux familles monoparentales dirigées par les femmes et aux familles ayant plus de trois enfants.»

 

Nos partenaires et les populations du Sud font appel à notre solidarité et comptent sur notre générosité afin de pouvoir reprendre rapidement leurs activités et de retrouver leur dignité.

DONNEZ MAINTENANT !

Toute la filière de transformation du cacao dans la région a été affectée : les parcelles de plantation de cacao sont déracinées et les installations de transformation détruites. Selon FESMAR, « pour permettre à nos différents partenaires de reprendre le plus rapidement la conduite de leurs activités, tant agricoles, de transformation de produits, d’élevage que de réhabilitation de l’environnement, différentes initiatives devront être prises en urgence, à court, moyen et long termes. » À court terme, les organisations partenaires de la FESMAR devront entreprendre la réparation des logements ainsi que la reconstruction des infrastructures de transformation, de préparation et de stockage de la production. Il faudra également mettre à la disposition des populations des outils agricoles, des intrants et du matériel pouvant permettre la reprise de leurs activités d’agriculture et de mise en place de pépinières à travers les localités de la région concernée.

Un partenaire qui travaille dans les radios communautaires avec les femmes s’est également rendu dans les régions du sud afin d’évaluer les dégâts subis tant par les radios de la région que chez les femmes qui y travaillent. Alors que la majorité des antennes ont été arrachées par le passage de l’ouragan, les femmes ont également presque toutes vu leurs maisons et plantations endommagées ou détruites par le passage de l’ouragan. L’organisme souhaite apporter sa contribution en répondant de manière urgente par l’acquisition de kits hygiéniques et alimentaires, mais également par l’acquisition de systèmes énergétiques et d’équipements afin de remettre les radios en état de fonctionner. « La sensibilisation, la formation et l’éducation doivent être les trois pierres angulaires pour aider notre pays à sortir de son marasme et pour répondre à la situation catastrophique à laquelle nous faisons face, » a dit notre partenaire.

Alors que nos partenaires en sont encore à évaluer la situation, une équipe de Développement et Paix se rendra sur le terrain dès la semaine prochaine afin de rencontrer les populations et de leur apporter notre message de solidarité. Ce sera également l’occasion d’établir de nouveaux partenariats dans les régions touchées.

« Développement et Paix est un partenaire qui offre une aide indispensable, qui respecte le principe de la subsidiarité et travaille avec la population, au côté de la Caritas Haïti, » a affirmé Monseigneur Toussaint.

Il remercie par le fait même l’Église canadienne pour la collecte spéciale organisée dans les paroisses du pays pour soutenir la population haïtienne.