Développement et Paix est choqué par l’assassinat de Carlos Mejía Orellana, directeur du marketing à Radio Progreso, une radio communautaire dirigée par les jésuites sur la côte septentrionale du Honduras. L’organisation déplore la détérioration dramatique de la situation des droits de la personne au Honduras depuis le coup d’État en 2009, qui a renversé un gouvernement démocratiquement élu.
Radio Progreso est une radio connue pour son analyse sociale franche et critique. La radio a entre autres offert une couverture en profondeur des impacts sérieux qu’a porté le coup d’État aux droits humains. Radio Progreso fait partie d’une organisation partenaire de Développement et Paix, ALER, un groupe ressource pour les radios communautaires d’Amérique latine.
La directrice d’ALER Dulce García souligne que les radios communautaires d’Amérique latine sont solidaires de Radio Progreso, et elle demande au gouvernement hondurien de veiller à ce que les personnes responsables de ce meurtre soient traduites devant les tribunaux.
« Ce meurtre est une agression directe, non seulement contre la vie de notre compagnon et sa famille, mais aussi contre le travail que nous faisons à Radio Progreso », affirme dans un communiqué le père jésuite Ismael Moreno, directeur de la radio.
Avec un nombre de meurtres envoisinant les 79 personnes sur 100 000 en 2013, le Honduras a maintenant le taux d’homicides le plus élevé au monde pour un pays qui n’est pas engagé dans un conflit armé. Une grande partie de cette violence est dirigée vers ceux qui cherchent à informer la population et à restaurer le respect des droits humains. Trente-deux journalistes ont été assassinés depuis le coup d’État et les défenseurs des droits de la personne reçoivent fréquemment des menaces. À cause des menaces qu’avait reçues Carlos Mejía, la Commission interaméricaine des droits de l’homme avait, à trois reprises (en 2009, 2010 et 2011), pressé le gouvernement hondurien de prendre des mesures pour assurer la protection du travailleur de la radio. Mais le père Moreno précise dans un communiqué que les autorités ont ignoré la recommandation de la Commission.
À la lumière de ces violations flagrantes et persistantes des droits de la personne dans le pays et considérant l’impunité qui prévaut pour ceux qui les commettent, Développement et Paix réitère ses préoccupation face à l’accord de libre échange entre le Canada et le Honduras. Le Canada et le Honduras ont conclu des négociations en vue d’un accord de libre-échange en 2011, deux ans après qu’un coup d’État eut renversé un gouvernement démocratiquement élu et alors que sévissait une crise des droits de la personne, qui est largement reconnue.
« Au lieu de promouvoir le libre-échange dans un pareil contexte, le Canada devrait faire pression sur le gouvernement hondurien pour qu’il prenne des mesures efficaces afin de protéger les droits de la personne », déclare Michael Casey, directeur général de Développement et Paix.
Le CEHPRODEC [Centre hondurien pour la promotion du développement communautaire], partenaire de Développement et Paix au Honduras, a exprimé lui aussi de graves inquiétudes au sujet de l’accord de libre-échange entre le Canada et le Honduras et de l’accroissement des opérations minières canadiennes qui occupent une place centrale dans cet accord. En 2012, Pedro Landa, du CEHPRODEC, a expliqué à des comités parlementaires comment les projets miniers canadiens menacent l’environnement et les droits des collectivités qui s’opposent à ces projets.
Une augmentation du commerce dans le contexte actuel risque de provoquer une hausse des menaces de violence envers les chefs communautaires et les activistes environnementaux qui s’opposent aux projets miniers. Global Witness, une organisation qui enquête sur la corruption, les réseaux économiques prévalant derrière les conflits, et la destruction environnementale, relève qu’avec 109 victimes depuis 2002, le Honduras occupe le deuxième rang au monde pour le nombre de militants écologistes assassinés.
Développement et Paix demande au gouvernement canadien de mettre de l’avant auprès des autorités honduriennes l’importance de résoudre l’assassinat de Carlos Mejía, de lutter contre l’impunité et de placer les droits humains devant le commerce.