Dans leur nouvelle exhortation pastorale, les évêques d’Amérique latine lancent un appel urgent à la conversion écologique | Développement et Paix

Dans leur nouvelle exhortation pastorale, les évêques d’Amérique latine lancent un appel urgent à la conversion écologique

10 mai 2018
les évêques d’Amérique latine lancent un appel urgent à la conversion écologique

La conférence des évêques d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAM) vient de publier une exhortation pastorale intitulée « Disciples missionnaires, gardiens de notre maison commune : discernement à la lumière de Laudato si’ ». Face aux conséquences désastreuses de la surexploitation des ressources naturelles de la planète Terre, les évêques nous engagent à agir pour la sauvegarde de la Création. 

« …en tant que pasteurs de nos peuples, nous voulons exprimer notre grande inquiétude face aux milliers de menaces environnementales graves qui polluent l’eau, l’air et la terre dans de nombreux pays d’Amérique latine, en plus d’affecter la santé des gens qui y vivent. »

Développement et Paix accueille positivement cette exhortation pastorale, qui reconnaît l’importance du travail des défenseurs de la Terre ainsi que l’urgence d’agir pour la sauvegarde de la Création. Plusieurs des partenaires de Développement et Paix en Amérique latine risquent quotidiennement leur vie, alors qu’ils marchent main dans la main avec des communautés autochtones et paysannes qui sont menacées et criminalisées parce qu’elles protègent leurs terres et les ressources naturelles.

L’Amérique latine est une région bénie où les ressources naturelles abondent. Malheureusement, cela fait aussi de ce continent un lieu privilégié d’exploitation, particulièrement par les investisseurs étrangers. L’Église d’Amérique latine a d’ailleurs témoigné des conséquences que cette quête de profits a sur les communautés : violations des droits humains, conflits, déplacements de populations, pollution et parfois même la mort. 

Par exemple, en novembre 2015, un barrage retenant des déchets miniers s’est rompu dans la municipalité de Mariana, au Brésil. Des millions de mètres cubes de résidus miniers ont créé une vague de boue qui a détruit des maisons, des écoles et des églises, tuant 19 personnes sur son passage et contaminant les sources d’eau locales. Un dossier multimédia rappelle ce désastre et le combat pour la justice de celles et ceux qui ont été affectés. 

Cliquez pour voir le dossier multimédia

Les évêques sont particulièrement préoccupés par la situation de l’Amazonie et de ses peuples autochtones. La biodiversité unique de cet écosystème contribue de manière significative à purifier l’air que nous respirons. Pourtant, on la détruit à une vitesse telle que cela menace directement la vie d’au moins 30 millions de personnes.  

« Nous aimerions rappeler que l’Amazonie a été affectée par des déversements de pétrole qui ont pollué les rivières et les eaux souterraines à des niveaux alarmants et qui ont eu de graves conséquences pour la santé des populations locales de même que pour la flore et la faune de ces régions. De plus, l’accès à l’eau est souvent à la base de disputes et de conflits persistants entre les entreprises minières, qui ont des besoins importants en eau, et les populations locales qui souffrent de la raréfaction de cette ressource. »

Cette attention portée à la destruction de l’Amazonie et à la reconnaissance des communautés autochtones comme défenseurs de notre maison commune prépare le terrain pour le Synode sur l’Amazonie, qui aura lieu au Vatican en octobre 2019. Ce Synode rappellera la nécessité de se diriger vers une écologie intégrale afin de sauver l’Amazonie et, par extension, toute notre planète. Ceci est d’ailleurs au cœur de la mission universelle de l’Église. 

« Avec le Synode sur l’Amazonie prévu en 2019, c’est un horizon de renouveau théologique et de créativité pastorale qui s’ouvre à nous. Nous sommes invités à la conversion écologique, à la spiritualité de la communion et à un engagement envers le Bien vivre (Buen Vivir), le tout en harmonie avec les cycles de la nature et avec l’eau comme droit fondamental et valeur intrinsèque pour chaque être vivant. »

La lettre souligne que la terre, l’eau et le climat sont des biens communs et elle dénonce la privatisation des ressources naturelles. Elle remet également en cause les bénéfices réels d’un extractivisme qui alimente le consumérisme et détruit la planète aux dépens des pays les plus pauvres. Pourtant, ce sont ceux qui contribuent le moins aux changements climatiques et qui sont le plus affectés par ses conséquences. 

Dans la perspective de l’option préférentielle pour les pauvres, nous demandons aux États et aux entreprises de faire tout ce qui est en leur pouvoir afin de freiner efficacement les changements climatiques. De concert avec de nombreux autres acteurs de la société civile, nous joignons ces efforts. 

Même si les évêques accordent une responsabilité particulière aux États et aux entreprises pour atténuer les impacts des changements climatiques et réaliser une transition juste vers des économies non basées sur les combustibles fossiles, ils font aussi appel aux individus pour entreprendre cette conversion écologique qui les reconnectera avec la vie que la Terre Mère nous offre.   

« Nous oublions que nous-mêmes, nous sommes poussière (voir Genèse 2:7 et LS 2). Notre corps est constitué d’éléments de la planète Terre : son air nous permet de respirer et son eau nous vivifie et nous restaure. »

Les évêques nous rappellent qu’en tant que chrétiens, nous avons la mission de sauvegarder la planète. Nous devons être des leaders dans nos communautés et rejeter la “culture du jetable”, qui place le profit et le matérialisme devant la dignité des êtres humains et de la Terre Mère. Nous devons aussi nous tenir aux côtés de celles et ceux qui défendent la terre et l’eau, parce que leurs actions bénéficient à toutes et tous, incluant les générations futures qui fouleront la Terre bien après que nous l’ayons quittée.  

« Il faut aussi prendre soin de celles et ceux qui protègent notre maison commune, car ils sont souvent menacés, maltraités, réprimés et emprisonnés pour avoir annoncé la bonne nouvelle du Royaume de Dieu et dénoncé les « dieux du pouvoir et de l’argent ». Il y a déjà en Amérique latine de nombreux martyrs qui ont donné leurs vies pour défendre la Vie. Leur sang fera germer la liberté et l’espoir. »

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