Le village de Mekenis est situé à 32 km de la ville de Jijiga dans l'ancienne province de Hararghe, à la frontière avec la Somalie. La région a été particulièrement touchée par la sécheresse de 2011 et a reçu de manière répétée des distributions de nourriture et de semences afin de pallier aux crises alimentaires successives. En effet, la sécheresse cumulée à de graves pénuries d’eau a entraîné de très mauvaises récoltes, des taux élevés de malnutrition ainsi que la mort du bétail en manque de pâturages. Les paysans ont également dû faire face à l’érosion des sols qui augmente la pression sur les terres agricoles exploitables.
La Caritas diocésaine d’Harar (HCS), une organisation de l’Église catholique partenaire de Développement et Paix, y mène un projet visant à promouvoir un développement agricole durable et à faciliter l’accès à l’eau aux familles les plus vulnérables qui vivent principalement de l’élevage et de l’agriculture. HCS a développé avec les villageois un système d’agriculture irrigué grâce à l’aménagement en terrasses de remblais sur une surface de plus de 20 hectares. Les paysans ont également été formés à diverses techniques de gestion de l’eau.
Durant 15 jours, 200 familles ont participé à la construction de remblais de terre et ont été en retour rémunérées. Les femmes de la communauté ont ramassé et regroupé en petits tas toutes les roches de la zone. Les hommes les ont ensuite utilisées afin de construire des remblais visant à retenir l’eau de pluie pour l’irrigation des champs et pour abreuver le bétail, mais aussi pour lutter contre l’érosion des sols.
« Nous ne voulons plus vivre au jour le jour et dépendre de la pluie. Ce que nous voulons, c’est pouvoir nourrir nos enfants et entretenir notre bétail même en période de sécheresse. L’argent que nous avons reçu pour notre travail nous a également permis d’acheter des biens dont nous avions vraiment besoin », confie Abaynesh, 52 ans, mariée et mère de 6 enfants. Elle a participé à la collecte des roches avec les autres femmes du village de Mekenis.
L’aménagement en terrasses de 20 hectares de terres cultivables et la construction d’une centaine de digues ont contribué à limiter l’érosion des sols et à accroître le taux d’humidité et la fertilité des sols afin d’améliorer la productivité. En offrant aux communautés touchées par la sécheresse la possibilité d’obtenir de l’argent plutôt que de la nourriture, la Caritas diocésaine d’Harar les a aidées à préserver leurs moyens d’existence. Les travaux effectués dans le cadre du projet ont par ailleurs contribué à protéger les communautés concernées des menaces à long terme que représentent l’érosion des sols et de futures sécheresses.